Maintenant qu’il avait sa clinique vétérinaire à gérer, Drago passait bien plus de temps en ville que dans sa chère maison. Ça ne l’empêchait cependant pas de continuer ses balades de fin ou de début de journée autour de celle-ci, d’aller se perdre sur la plage et de longer le port lorsque son temps libre le lui permettait. Bien sûr, il ne laissait pas Bernard, sa salamandre on fire, seul. Il était toujours avec lui, et puis de toutes façons, c’était un pot de colle, car où qu’il aille, il avait tendance à se faufiler sur l’une de ses épaules, voir même dans l’une de ses poches si il y avait la place pour son petit corps.

Aujourd’hui, le sorcier avait fermé sa clinique plus tôt, car il avait de la visite, et pas n’importe laquelle. Sa douce venait pour passer la nuit chez lui, et même si ce n’était clairement pas la première nuit qu’ils passaient ensemble, il avait toujours ce petit truc de se mettre dans tous ses états, lui qui n’avait jamais pris l’habitude d’être le genre d’hôte qui doit tout gérer. Néanmoins, il avait tendance à oublier qu’il était un sorcier, qu’il n’avait pas forcément besoin de s’activer à 100% pour tout faire et tout rendre le plus parfait possible, car sa baguette, il n’en avait plus autant l’utilité qu’avant. Il avait tout de même fini par s’en emparer pour que la fine couche de poussière sur ses meubles disparaisse, pour que les coussins du canapé soient bien repassés et pour que le repas de ce soir commence doucement à se préparer sans qu’il n’ait à y toucher une seule fois. C’était presque trop facile, à croire même qu’il ne comptait pas faire un seul effort alors qu’au contraire, il était à son maximum depuis le matin même.

Pendant que tout se mettait en place, Drago avait dû gérer le sale caractère de Bernard qui ne comprenait pas l’agitation de son humain de compagnie. Il avait failli faire flamber les rideaux, sans parler du plaid qui était étalé sur le canapé, et le blond n’avait pas pu faire autrement que de le percher sur son épaule pour le rassurer et lui gratouiller le menton. Il espérait qu’il ne fasse pas le dur face à Dany. Il avait pris l’habitude de voir un peu de monde à la clinique, mais c’était parfois un peu compliqué de lui faire comprendre qu’il n’y avait pas de danger et qu’il n’avait pas à prendre feu n’importe quand.

Enfin, l’heure était venue. Des bruits de pas sur le porche sonnaient l’arrivée imminente de la belle et la sonnette raisonnait dans toute la maison. Drago alla à la porte, abaissant la poignée pour ouvrir cette dernière et enfin faire face à Dany, tout sourire aux lèvres.

« Salut ma belle, entre ! » il souffla sans que son sourire ne disparaisse, se décalant sur le côté tout en faisant suivre la porte avec lui.

Le temps s’était doucement écoulé, emportant avec lui les doutes et les peines pour enfin me libérer de mes angoisses. Elles étaient toujours présentes, mais j’avais fait des progrès, et chaque jour ne me rendait que plus fier du chemin que j’avais parcouru. Petit à petit, j'avais trouvé un équilibre, une vie qui me plaisait et qui apaisait mes peurs de voir le passé ressurgir pour me faire du mal. Ce n’était pas parfait, mais ce n’était en rien ce que je cherchais. Vivre une vie simple et bien rangée pouvait parfois être ennuyeux mais j’avais eu bien assez d’action autrefois pour me satisfaire de la sécurité que j’avais acquise. Aucune ambition ne pouvait égaler l’amour que j’avais développé pour mon train train quotidien. Mon travail à la mairie, ma vie au ranch, tout mon temps libre aux côtés de Drago que ce soit entre les draps ou lors d’une balade sur la plage.

Mon cœur chantait pour lui avec une force presque vertigineuse. Ce n’était pas un grand guerrier, il n’était ni brun, ni barbu, et encore moins musclé comme mes précédents amants, mais il m’apportait bien plus que tous les autres. Un amour inconditionnel, une dévotion et une sincérité qui n’avait pas d’égal. Il réunissait les qualités que j'avais aimé chez chacun, sans leur défaut et la peur de la trahison de certains. La journée avait été particulièrement longue tant j’avais trépigné d’impatience à l'idée de voir venir la fin d'après-midi. Drago m’avait invité à venir chez lui et je n’avais certainement pas décliné l’invitation. Mon regard n'avait eu de cesse d'aller de l'horloge sur l'écran de mon ordinateur, au sac que j'avais préparé pour aller chez mon amant. Chacun de mes vetements avaient été choisi avec soit, tout comme chacune des douceurs sucrée que j'avais préparer pour lui offrir.

Deux minutes avant la fin de ma journée de travaille, j'étais déjà en train d'optimiser mon temps pour pouvoir quitter mon poste pile à l'heure. S'il n'était pas rare de me voir trainasser dans la mairie pour continuer à travailler ou en apprendre plus sur ce monde, aujourd'hui faisait entièrement exception et je n'attendis pas une seconde pour partir. Une veste sur les épaules, le sac sur l'autre, j'avais du mal à faire taire mon sourire tant j'étais joyeuse ce qui ne manqua pas de faire réagir la secrétaire qui me souhaita une bonne soirée avec un large sourire également.

La maison de Drago se dessinait à l'horizon quand une légère boule de stress se forma au creux de mon ventre. Je savais que ce n'était pas grand chose, mais c'était bien la, une angoisse toujours présente de ne pas être à la hauteur, de décevoir pour n'importe qu'elle raison. Est ce que ma coiffure était parfaite? Et si un bouton avait décidé de faire son apparition sur mon visage le temps du trajet? Frapper à la porte fit taire chacune de mes questions qui étaient en train de me dévorer, et tout doute s'envola quand elle s'ouvrit sur lui.

Une joie pétillante illumina mes traits à l'instant même où mon regard croisa le sien, et alors qu'il m'invitait à rentrer ce fut à son cou que je me pendis dans une étreinte affectueuse.

— Je réclame et je prend mon baiser avant de rentrer, bel homme, déclarais je non sans voler un baiser du bout de mes lèvres étirée par un sourire.

Une fois cela fais, je me détachai de lui pour rentrer dans la maison afin de ne pas encombrer le passage.

— ça sent bon ! Que nous prépares tu pour ce soir?

Accueillir Dany chez lui pourrait paraitre simple, alors qu'en réalité c'était tout de même assez compliqué. Son coloc lui avait gentiment laissé la maison pour lui tout seul, peut être pour éviter d'assister au spectacle d'un Drago mielleux à en crever face à sa dulcinée. Un ado dingue de sa copine, c'était ce avec quoi il pourrait facilement être confondu si il ne faisait pas largement ses 27 ans, et tout s'était comme apaisé, d'un coup, ce qui ne manquait bien évidemment pas de conforter le blond dans l'idée qu'elle était la seule pour qui il puisse ressentir quelque chose d'aussi fort et d'aussi spécial.

Après qu'il ait ouvert la porte, Bernard avait sauté de son épaule pour aller se faufiler dans le salon, sur le dossier du canapé tandis que Dany s'approchait du blond, lui offrant un baiser auquel il répondait sans hésiter une seule seconde. Il tentait de retenir ce sourire niais qui encombrait son visage lorsqu'elle s'éloigna finalement pour entrer, puis il referma la porte derrière eux, invitant sa belle à le suivre jusqu'au salon en emprisonnant sa main dans la sienne.

« Oh, tu trouves ? » il s'exclama, s'avançant vers le salon. « Normalement ça devrait être une soupe de légumes en entrée, et un poulet rôti au four en plat, si tout se passe bien ! » "normalement", car oui ; il n'avait jamais appris ou eu à cuisiner, ni dans son passé, ni à Staten Island. Il plaçait donc beaucoup d'espoirs dans l'utilisation de la magie pour ce repas, car les elfs de maison n'étaient pas là pour s'en occuper à sa place. Puis si jamais tout ne se passait pas comme prévu, il y avait toujours un service de livraison à domicile pour absolument tout (et c'était fou d'ailleurs, ce genre de trucs pour lui), donc il ne s'inquiétait pas vraiment du fait qu'ils pourraient potentiellement se retrouver sans rien à manger, puisque finalement, tout était à leur disposition, dans le meilleur des mondes.

« Je ne t'ai jamais présenté Bernard, je crois ! » il jeta un regard à la salamandre qui se faufila sur l'accoudoir du canapé, relevant sa petite tête vers Daenerys. Drago s'en approcha avec elle, tendant sa main pour qu'il grimpe dessus. « Du coup, voici Bernard. Bernard, c'est Dany, je t'en ai déjà parlé, mais tu comprends rien de ce que je te dis parce que t'es une salamandre et que tu comprends pas l'anglais... » il redressait sa main pour que Bernard grimpe sur l'épaule de la jeune femme, tout hésitant. La petite créature finit par se glisser sur l'épaule de Dany, tâtant de ses petites pattes le nouveau confort qu'il pourrait y trouver.  

Maintenant que Bernard était rassuré (et qu'il n'allait pas foutre le feu à la baraque), Drago pouvait souffler un peu. Il devait encore vérifier que la préparation du repas se passait bien, mais surtout, et avant toute chose, il n'allait pas faire l'hôte nul, à ne rien proposer à boire ou à manger à sa belle en attendant que l'heure du repas n'arrive.

« J'ai acheté du vin rouge la dernière fois, j'attendais d'être avec toi pour l'ouvrir, ça te dit ? » il lui demandait finalement, posant son regard sur elle tandis que sa main se glissait dans son dos, comme s'il voulait toujours avoir une certaine proximité avec elle – comme si la toucher lui permettait de se rendre compte qu'elle était bien là, avec lui.

Rien n'était plus doux et plus agréable que cette sensation lorsque je me trouvais au creux de ses bras. Une joie d'une rare beauté rayonnait en moi à chaque fois que je voyais un sourire illuminer son visage pâle dont je m'étais éprise sans y prendre garde. Je n'avais absolument rien fait pour mériter un compagnon aussi prévenant et attentionné; mais je ne m'en plaignais pas, du moins j'avais fini par accepter ce cadeau des Sept. Avec douceur, je serrais sa main dans la mienne, non sans retenir un petit rire à la notion du repas qu'il était en train de préparer. Malicieuse, je ne pu me retenir de le taquiner sur le sujet.

- Normalement? Si tout se passe bien ? Es tu seulement certain de la viande que tu as mise dans le four et de ce que tu as mis dans ta soupe?

Un large sourire habillait mes lèvres alors que je plaquais ses dernières contre sa joue dans un baiser furtif pour lui montrer que je ne faisais que l'embeter sur le sujet. Il cuisinait pour moi, c'était bien plus que ce dont j'avais eu l'habitude par le passé. Enfin, en soit, il n'était pas bien compliqué de faire plus que de la trahison en veux tu en voila et d'une dague entre les côtes. Une ombre passa dans mon esprit en même temps que les souvenirs qui remontaient à la surface mais la voix de Drago me ramena à l'instant présent qui avait bien plus de valeurs que tout ce qui composait mon passé.

Mon regard se posa alors sur la petite créature qui venait d'être désignée comme “Bernard” par Drago. Si c'était un nom plus que curieux pour ce petit dragon sans aile, je ne pu m'empecher d'etre attendri par ce dernier qui montait dans la main de mon bien aimé.

- Une salamandre? Repetais je en observant la petite bête entreprendre l'ascension de mon épaule. Je n'en avais jamais vu auparavant, c'est absolument adorable… On dirait un minuscule dragon, sans aile.

Quand Bernard patouna mon épaule, je ne pu m'empêcher de glousser. Il était tout léger, et plus petit que Drogon quand il était venu au monde, mais cette sensation me rappela l'époque où il avait tenu tout contre moi. C'était il y'a si longtemps… je ne pu m'empêcher de me demander ce qu'il était advenu de mon fils après mon départ. Du bout des doigts, je vins caresser la petite salamandre à l'arrière de la tête tandis que je relevais les yeux vers Drago.

- Après cette longue journée de travail, je t'avoue que ce n'est pas de refus et je suis bien curieuse de découvrir le vin d'ici. Peut etre pourra t'il rivaliser avec celui de Dorne?

Aucun breuvage n'était plus fin et enivrant que celui des terres de Dorne, mais c'était malheureusement une boisson que je ne gouterais plus jamais. Un leger frisson parcourut sa colonne vertébrale au contact de ses doigts, mais je fis que lui offrir un tendre regard amoureux.

- Je n'ai pas eu le temps de rapporter quoi que ce soit ce soir mis à part mes affaires et ma modeste personne. J'espère que ça te convient quand même? Comment s'est passé ta journée ?

Bon, la cuisine, chez Drago, c'était ni une grande passion, ni un don. Ainsi, lorsqu'elle lui demanda s'il était certain de ce qu'il avait mit au four, il se mit à douter. Il se repassait sa matinée de la veille, et oui, il avait bien pris du poulet, c'était sûr, mais, à y penser, ça paraissait trop... Evident ? Il haussa alors les épaules, regardant Dany d'un air égaré : et SI c'était tout sauf du poulet ? Il grimaça légèrement, lançant un regard dépité vers la cuisine.

« ...J'irais vérifier, j'suis plus très sûr du coup » ouais, il était un peu bête, mais il était comme ça, Drago : il lui en fallait peu pour douter de n'importe quoi, mais il allait s'en remettre.

Les présentations avec Bernard se passaient bien. Dany semblait l'apprécier autant qu'il l'appréciait. Ca rassurait un peu Drago, parce qu'il vivait un peu au gré des humeurs incendiaires de la petite bestiole. Il laissait un sourire étirer ses lèvres en entendant Dany, tendant finalement sa main vers son épaule pour que Bernard la laisse être libre de tous ses mouvements.

« Il a tout d'un petit dragon, il a un caractère de cochon et il prend feu quand il est pas content. » reprenait le blond, laissant la salamandre descendre de sa main pour aller sautiller et se glisser dans une autre pièce de la maison. « C'est un investissement de l'avoir dans les pattes, c'est un vrai pyromane ! » il laissa échapper un rire sincère, il l'adorait son petit Bernard.

Le vin d'ici, Drago ne le connaissait pas plus que Dany. Il en avait goûté quelques uns, sans vraiment comprendre pourquoi certains étaient meilleurs que d'autres. Il avait simplement demandé conseil au moment d'acheter la bouteille, et il espérait ne pas être déçu, d'autant plus que sa belle était une connaisseuse. Il lui adressa un doux sourire avant de l'inviter à s'installer sur le canapé en attendant, déposant un baiser sur sa tempe.

« J'ose espérer qu'il n'est pas mauvais. Si non on devra se contenter d'eau et de jus d'orange ! » plaisantait-il, se dirigeant finalement vers la cuisine pour sortir la bouteille et l'ouvrir. Il attrapa deux verres ballon dans une main, bouteille dans l'autre avant de revenir dans le salon.

« Ne t'inquiète pas pour ça, j'ai tout prévu, t'avais rien à ramener ! » il s'installa sur le canapé, déposant les verres sur la table basse. Il relevait ensuite les yeux vers sa belle, un petit sourire rusé suspendu aux lèvres. « Ta simple présence aurait suffit à me rassasier, mais j'ai pas envie de te laisser mourir de faim. » il ne pouvait pas s'en empêcher, Drago. Mais ne serait-ce pas là une réelle preuve d'amour que d'avouer à demi-mots qu'il ne lui laisserait pas de répit trop longtemps ?

Il versait un fond de vin dans l'un des verres avant de le tendre à son amante pour qu'elle goûte, faisant de même avec son verre.

« Ca va, il n'y a pas eu plus de petite bêbêtes en détresse que d'habitude et rien de grave, donc ça a été ! Et toi ? »

En le voyant douter sur ce qu’il était en train de préparer, je m'en voulu presque de l'avoir taquiner sur le sujet. Je n'étais pas plus habile que lui à propos de la cuisine, j’avais dû apprendre en arrivant ici même si j’avais de manière générale, pas eu vraiment à m’en occuper. Dans un premier temps tous mes repas m’avaient été fournis à l’hôpital puis le ranch avait pris le relais, chacun participait et je profitais la plupart du temps de bon petits plats. De ce fait, je demeurais reconnaissante de tout ce qui était fait pour moi, en sachant bien que tous n'avait pas ces privilèges et que moi même, je n’avais pas toujours eu le luxe de pouvoir manger à ma faim. Doucement ma main se posa sur la joue de Drago pour capter son regard.

— Ça sent le poulet et les légumes mon amour, pas besoin d’aller vérifier. Je ne faisais que te taquiner et tu as couru dedans.

Était-il stressé ? Il me semblait l'être pour douter à ce point et je me questionnais sincèrement sur la raison de son trouble. Pour le moment, je préférai ne pas faire de remarque à ce sujet, de peur de le stresser d'autant plus. Tout allait bien se passer et c'était une très chouette soirée en perspective, un moment calme et reposant comme j’aimais les savourer depuis que j'étais avec lui. Je ne pu m'empêcher alors de sourire à ses paroles concernant “Bernard” me retenant de justesse sur le fait que ce n'était pas si dramatique que cela. Ça ne me choquait pas plus que cela que ce truc soit capable de générer des flammes, mais par son corps au lieu de les cracher comme mes fils.

— Prends en considération que si un jour tu as un problème de flamme ou de Bernard très en colère, je serais ravie de pouvoir t'aider.

C'était le moment de roucouler un peu dans l’ego et la fierté.

— Ce ne sera vraiment pas le pire que j'aurais eu à gérer, fais moi confiance.

Ça voulait dire ce que ça voulait dire sans trop en dévoiler à moins qu’il vienne à poser des questions. Aussi humble pouvait être la vie que je menai désormais, je ne pouvais balayer d'un revers de la main le fait que j’avais été une reine, que j'avais conquis des royaumes et chevaucher des dragons que j’avais fais naître alors que cela faisait plus de 150 ans que ces derniers avaient disparu. Un peu de fierté à ce sujet, c'était le minimum que je pouvais conserver et agiter sous le nez des gens quand l’occasion se présentait.

En le voyant répartir dans la cuisine, j’abandonnai toute résistance face à l'appel du canapé pour y trouver une place confortable.

— De l'eau et du jus d'orange c'est très bien également. Nous ne devrions pas mourir de soif, lui répondis par-dessus l'épaule en regardant par où Bernard avait filé. Tu es un amour d'avoir tout préparé Drago.

Quand il revint, mes lèvres se voilèrent d'un sourire plein de promesse. Au moins, aucun doute sur le fait que nous allions passer une bonne soirée, ça me donnait presque envie de commencer à le chercher dès maintenant. Cependant je fis le choix de rester sage pour le moment en croisant mes jambes pour attraper la coupe qui m’était tendue. Le verre fut rapidement à hauteur de nez, avant d’en savourer une petite gorgée.

C'était complètement différent de celui de Dorne. De ceux que j’avais goûtés tout court mais ce n’était pas mauvais.

— Tu as bien choisi, c'est surprenant mais pas mauvais.

D’un mouvement de la main, je repoussais mes cheveux dans mon dos avant de reposer le verre sur la table basse.

— J’ai couru un peu entre le ranch et la mairie, mais ça va. On a eu le droit à un portail mal fermé ce matin, et donc quatre fugueurs qui m’ont fait arriver en retard… mais dans l’ensemble ce n’était pas une mauvaise journée. De la paperasse en somme.

Un léger sourire survola mon visage.

— Rien de plus palpitant que sauver des petites bêtes à qui tu offres tes bon soins. La ville est chanceuse de t’avoir!

C'était tellement facile de faire douter Drago de tout et de rien. Il avait réussi à devenir une personne à peu près respectable, mais sa naïveté lui faisait toujours défaut malgré tout. Il fallait dire qu'il n'avait pas grandi dans la confiance, son père était (encore aujourd'hui) un sacré connard, et sa mère... Bien trop protectrice pour qu'il ait pu développer ne serait-ce qu'un peu de confiance en lui. Cependant, sa rencontre avec Dany était tombée au bon moment, car même s'il était toujours un peu sur la réserve pour certaines choses, il apprenait un peu plus chaque jour à être un amant, à faire partie de la vie de quelqu'un dont il était fou amoureux et pour qui il ferait n'importe quoi. Il y avait eu des bas, mais il y avait surtout des hauts, et il ne pouvait qu'espérer que tout n'irait plus que dans ce sens là, car il l'aimait à en crever et que rien ne l'empêcherait de le faire.

- Oh, bon, d'accord ! il reprenait lorsque sa belle confirma bien qu'il ne semblait pas s'être trompé. Il laissait un doux rire s'échapper en l'entendant dire qu'il avait couru dans sa petite taquinerie. Eh oui, toujours un peu bête, le blondinet.

Alors que Bernard s'éclipsait, le sorcier écoutait sa douce et un regard quelque peu surpris s'était posé sur elle. Il accepterait volontiers son aide si Bernard venait à péter un câble au point que le feu s'étende plus que sur les coussins et les plaids. Après, il n'étais pas assez fou pour la laisser se mettre en danger pour pas grand chose, alors il venait pincer délicatement sa joue entre son index et son pouce, avant que ce dernier ne flatte sa joue, tout doucement.

- C'est gentil, mon ange, mais j'ai pas envie que tu finisses comme mes coussins. Il lui répondait, venant presser ses lèvres contre son front. Mais je serais curieux de savoir comment tu t'y prendrais ! il avait confiance en elle, mais il ne voulait pas qu'elle pense une seule seconde à se mettre en danger. Ca, jamais.

Après être allé récupérer le vin dans la cuisine et l'avoir ramené pour leur servir chacun un verre, il était l'heure des nouvelles du moment. Le boulot était souvent la chose par laquelle ils commençaient leurs conversations, car c'était ainsi et qu'il était important de savoir si leur journée avait été salutaire ou non. En plus, le vin était bon, c'est elle qui l'avait dit. Drago goûtait à son tour, et franchement, il ne trouvait rien de plus à dire que ce qu'elle avait déjà exprimé. Il avait simplement hoché la tête, un petit sourire satisfait aux lèvres.

- Le portail s'est ouvert ? Ca a dû être sympa de courir après tout ce beau monde dès le matin, tiens ! Il ironisait, soulagé de savoir que sa journée ne s'était pas mal terminée.

- Oh, tu sais, c'est un travail comme un autre ! Je ne pense pas être plus respectable que qui que ce soit d'autre ici. il ajoutait, son sourire ne faiblissant pas.

Il était heureux de la voir. Il était heureux de pouvoir enfin lui parler et d'entendre sa voix. Elle lui manquait chaque jour, il n'attendait qu'une seule chose à chaque fois : le moment où il allait la retrouver et où il pourrait passer des heures à lui parler, à la contempler, à la serrer contre lui. D'ailleurs, il ne songeait pas une seule seconde à perdre trop de temps, puisque son bras venait entourer ses épaules afin qu'elle vienne se blottir contre lui. Il en avait besoin, c'était presque vital pour lui.

Alors que son bras se serrait légèrement autour d'elle, il venait presser ses lèvres contre le haut de sa tête, laissant ses doigts effleurer son épaule.

- Je suis heureux que tu ais pu venir ce soir.

Mon verre était rapidement retourné sur la table avant que Drago ne me serre doucement contre lui. Bien volontier, je m'étais laissée aller à cette étreinte en souriant, ma joue venant reposer contre son épaule alors que je passais mes jambes en travers des siennes. Dans la suite du mouvement, l'un de mes bras enroula sa taille, tandis que je soupirais d'aise d'être là, avec lui, toute blotti contre lui. Si j'avais été un félin, nul doute que j'aurais pu ronronner de bonheur tant il était plaisant de me sentir aimée en un seul geste, un seul baiser. Si on m'avait dit que ce blondinet deviendrait aussi important dans ma vie, je ne l'aurais probablement jamais cru un an auparavant. Pourtant nous étions là, et pour rien au monde je ne voulais être ailleurs.

-Je n'aurais manqué cela pour rien au monde, ça me rend très heureuse de pouvoir passer la soirée avec toi. Et puis, mine de rien on a un peu plus d'intimité ici, qu'au ranch.

Un petit rire m'échappa alors que je levais le nez vers lui pour plonger mon regard violet dans le sien. Quand bien même j'adorais la vie que je menais la bas, vivre avec plusieurs personnes nous avait apporté notre lot de disputes un peu plus tôt dans notre relation. Nous étions bien au dessus de cela maintenant, mais quand Drago venait il y avait toujours des petites blagues, des sourires, ou encore des regards. Rien de bien méchant en soit, mais assez présent pour nous rappeler que l'intimité dans ce genre de moment, ce n'était vraiment pas un point fort.

-Et puis, je sais que j'aurais le droit à un interrogatoire quand je rentrerais, ça va contribuer à l'animation du Ranch. Tout le monde est gagnant et ce soir, ce n'est que toi et moi.

Tant bien que mal, je poussais un peu sur mes fesses pour venir lui voler un baiser du bout des lèvres. Le problème d'un canapé confortable était que l'on s'enfonçait facilement dedans et ça… c'était sans parler du fait que j'étais petite. Pour faciliter la manœuvre, je glissais mes mains derrière sa nuque pour l'inciter à se pencher vers moi afin de récupérer mon dut. Mes doigts ne manquèrent pas l'opportunité pour venir s'aventurer dans ses cheveux blonds délicatement alors qu'avec toute la malice du monde, je mordis tendrement sa lèvre à la fin de mon baiser.

-Quant au sujet de Bernard, si je te disais mon secret, tu serais incapable de le croire, repris je sans pourtant cesser de sourire.

Je le taquinais de nouveau. Même si nous n'avions que très rarement évoquer notre passé, il était bien au fait que je ne venais pas de tout ce qu'il avait connu. Il avait ses propres secrets également, et nous nous étions entendus sans un mot que ces derniers n'avaient pas véritablement d'importance.

-Si cela peut te rassurer mon amour, sache qu'il n'y a absolument rien qui existe pouvant me faire connaître un destin aussi funeste et brûlant que les coussins de ton canapé.

Il ne faisait aucun doute que Drago attendait toujours avec impatience de pouvoir être avec sa belle, de pouvoir passer du temps avec elle, de pouvoir la serrer contre lui et l’embrasser. Ainsi, il pouvait l’aimer comme elle le méritait, il pouvait lui montrer qu’elle était sa seule et unique préoccupation, celle qui avait chamboulé sa vie toute entière en un claquement de doigt… Il n’y avait rien, en réalité, qui pourrait mesurer tout l’amour qu’il lui portait, même lui n’était pas capable de mettre des mots dessus tant ça pouvait parfois aller à l’excès.

- J’ai cru comprendre qu’il y avait des curieux au ranch, ouais. Il reprenait, un petit sourire amusé apparaissant sur ses lèvres. Eh bien voilà, tu n’auras qu’à assouvir leur désir de savoir comment cette soirée s’est passée, tu feras des heureux comme ça !

Pas que partager sa vie privée soit une habitude à laquelle il était très attaché, mais lui-même, lorsqu’il en avait l’occasion, il ne s’empêchait pas de parler d’elle et des moments qu’ils passaient ensemble, bien au contraire. C’était même parfois obligatoire, il avait simplement besoin d’exprimer aux autres ce qu’il ressentait, c’était ainsi.

Il pourrait rester des heures comme ça, avec elle, pendant que les minutes et les heures défilaient. Et plus le temps avançait, plus il en demandait, de cette proximité. Ce n’était jamais assez, ça ne le sera probablement jamais, mais à cet instant, tout ce qui comptait pour lui, c’était qu’elle se joigne à lui dans l’étreinte qu’il lui offrait. La main du blond avait trouvé une place de choix sur la cuisse de sa belle quand ses jambes s’étaient glissées par-dessus les siennes, et ses douces mains qui appuyaient contre sa nuque ne manquaient pas de l’entrainer dans cette douce chute. Leurs lèvres scellées, Drago répondait à son baiser comme si c’était le premier, comme si c’était le dernier, et avec cette pointe de tendresse qu’il ne pouvait s’empêcher de lui accorder.