Il ne se déroulait pas une seule journée durant laquelle Zoro ne passait pas par la case : sport. Depuis son arrivée à Staten Island, il cherchait un moyen de retrouver sa force et ses compétences en arts martiaux. Il s'entraînait. Encore et encore, sans que son corps ne lui donne une minime satisfaction. Toujours aussi faible, toujours aussi inutile. Son ossature prouvait pourtant bien qu’il était un sportif alors pourquoi, avait-il perdu ses capacités ?!

Ça le rongeait au plus profond de lui. Être si faible, surtout aux yeux des autres personnes. Le regard des autres. C’était très difficile à digérer. Lorsque l’alcool n’était pas choisi pour dissiper sa colère, il lui arrivait de piquer un footing durant des kilomètres entiers, poussant souvent des sprints et essayant en vain, s’entraînant à repousser ses limites. Et mis à part la fatigue et les douleurs musculaires… Ça ne changeait rien. Encore des efforts pour que dalle.

Ce trouble de l’incompréhension lui rendait la vie compliquée. Surtout que Zoro faisait un métier qui demandait un minimum d’efforts physiques… Choses qu’il n’avait plus. Alors, il s’occupait des petits problèmes lambda, sans grande utilité pour le monde mais qu’il fallait pourtant faire. Voilà à quoi le grand sabreur en était réduit. Mais peut-être, n’était-il pas seul dans cette situation ?

*Ding Dong* retentit la sonnette de chez Luisa. Elle l’avait très gentiment invité à venir s’entraîner chez elle, peut-être avait-elle remarqué sa détresse au travail ? Fallait dire que Luisa cachait beaucoup de ressources en elle… Comme une force bien enfouie, et surtout bien plus grande que Zoro. Là où lui peinait à porter un pack d’eau, Luisa pouvait en prendre plusieurs. Le pirate échoué à Staten Island ne comprenait pas du tout les raisons, si bien sûr, il y en avait ! Mais ça restait gênant pour Zoro d’être aussi impuissant. Vraiment.

« Salut Luisa, tu sais très bien que je suis toujours prêt quand il s’agit de se muscler un peu. » dit-il avec ironie, se visant parfaitement. « Oui, merci. » ajouta t-il simplement, en prenant le mug que tenait Luisa. « Ce café ne peut pas mieux tomber. » Zoro n’avait jamais goûté du café de toute sa vie, sauf depuis qu’il était arrivé en ville et… il adorait ça ! Cependant, pas question pour lui de le mélanger avec du sucre, non, il jouait les durs, attention.

Il trempa ses lèvres dans la caféine encore chaude, tout en entrant dans la demeure de son amie.

« C’est grand chez toi. » avoua Zoro tout en regardant autour de lui. C’était la première fois qu’il pénétrait dans la demeure de Luisa, il découvrait l’endroit où vivait son amie, et ce n’était pas désagréable pour les rétines.

Terminant son café (celui de Luisa /out), Zoro eut quand même l’extrême politesse de déposer la tasse… dans l’évier (trop aimable). Roronoa était prêt ! Déjà avec sa tenue de sport et sa petite serviette autour de son cou, il n’attendait plus qu’une seule chose : s’entraîner avec Luisa. Peut-être que cette fois-ci, il allait pouvoir gagner en force ?... Il tentait de rester le plus positif possible, bien qu’au fond de lui, il savait que c’était peine perdue. D’ailleurs, Zoro toisait Luisa du regard, comme s’il voulait lui dire quelque chose mais qu’il… N'osait pas. Où tout simplement, qu’il avait un peu honte d’avouer. Lorsque sa collègue attrapa des bouteilles, Zozo (/out) essayait d’articuler du mieux possible, mais ça lui demandait un effort.

« Merci. » murmura t-il, un peu gêné. « Pour me permettre de faire du sport en toute intimité. » Voilà, ça c’était dit, fiou, c’était compliqué. Zoro avait beaucoup de mal à accepter sa faiblesse, alors s’entraîner avec de parfaits inconnus, disons qu’il préférait manger une vieille chaussette à la place. Pour ça qu’il n’allait plus dans des salles publiques. Alors, il était donc reconnaissait à Luisa de lui prêter son matériel.

Sans absolument aucune gêne et comme si c'était normal, le café de Luisa se volatilisa de ses mains pour atterrir dans celles de Zoro. Elle lui avait proposé de boire, alors la tasse de caféine tombait un peu mieux. OK, OK, Roronoa avait fait exprès de chourer le mug qui... Était... Très.. Joli ? Une grosse tête d'âne. Ok pourquoi pas, Zoro n'était pas ici pour juger. D'ailleurs un sourire apparut durant quelques secondes, le temps qu'il dépose la tasse dans l'évier, en voyant l'animal incrusté sur la céramique.

Dans la cuisine, Zoro observait le lieu, découvrant pour la première fois l'habitation de son amie. Il savait qu'elle vivait en colocation avec plusieurs personnes, notamment Sidon, qu'il connaissait depuis un petit moment maintenant. L'ancien sabreur s'estimait chanceux de vivre tout seul, préférant sa tranquillité solitaire. Ça le changeait pas mal, car il avait pris l'habitude d'être toujours entouré à East Blue. Il y avait TOUJOURS du grabuge sur le Vogue Merry, impossible de faire une sieste... Là, à Staten Island, il profitait, et rattrapait la tranquillité dont il avait besoin... Même si l'équipage lui manquait, mais il n'allait jamais l'avouer.

« Accroche des annonces dans toute la ville. » dit-il aussi expressif qu'un pot de moutarde.

En tout cas, c'est ce que ferait Zoro à la place de Luisa. D'où il venait, les annonces et les recherches passaient toujours par des affiches qu'on placardait un peu de partout dans les villes. Alors pourquoi ne pas tenter de faire pareil, si Luisa souhaitait tomber sur une fille ? Certes, Roronoa savait qu'il y avait d'autres moyens, comme par exemple la « technologie », chose qui dépassait royalement Zoro d'ailleurs.

Les deux pompiers avaient donc la maison pour eux tout seuls. D'un certain côté, ça rassurait Zoro qui préférait s'entraîner loin du regard des autres, ne supportant déjà pas sa propre présence qu'il trouvait inutile. Avoir la possibilité de faire du sport en toute intimité avec Luisa, rassurait Zoro d'une certaine manière, peut-être parce qu'elle possédait une force surhumaine et qu'elle motivait de ce côté-ci, son collègue. Alors, des mots prononcés faiblement, juste assez pour que son amie puisse l'entendre. Comme c'était difficile de s'exprimer sur un gros complexe.

« Ouais. » ajouta t-il pour exprimer son accord avec Luisa. Sa collègue voyait toujours d'un autre œil certains problèmes que Zoro pouvait avoir, et rien que pour ça, il la tenait dans son estime.

Le temps était venu de commencer la séance d'entraînement. Zoro suivait la Colombienne à l'entrée puis dans le garage, qui abritait du bordel, mais du bordel rangé ! Sans forcer, Luisa amena le banc de musculation vers le milieu de la pièce, comme si elle tirait une simple chaise. Évidemment que Zoro était vert (aucun lien avec sa couleur de cheveux xD) de jalousie et de honte, mais que pouvait-il faire ? Il avait l'habitude qu'on l'aide sur ce genre de chose, alors qu'avant, il n'avait jamais eu besoin de la moindre petite aide.

Ainsi, pendant que Luisa installait le matériel nécessaire pour un bon entraînement, elle expliquait son ressenti sur sa force qui était revenu comme ça, comme par hasard. Ce n'était pas la première personne à regagner des facultés dissipées, qui revenaient en un claquement de doigt. Pendant des mois, Zoro avait espéré que ça lui arrive, mais il attendait encore, depuis presque deux ans. Sa force à East Blue lui permettait de combattre n'importe quel ennemi (enfin presque hein), de se débrouiller seul et de ne jamais demander la moindre aide. Ici... C'était limite un assisté pour sa carrure.

Zoro se terrait dans un mutisme. Il observait longuement Luisa, avant de gagner le banc de musculation. Il déposa sa serviette sur l'assise, accrocha des petits poids (ne pas confondre avec des petits-pois  /out) - les plus faibles - aux extrémités de l'haltère, et prit place, prêt à pousser. Il entendait très bien les paroles, les aveux et les questions de Luisa, mais il n'en avait jamais parlé à personne. C'était un très grand complexe qui le minait bien plus qu'il ne saurait dire... Il s'allongea sur le dos, attrapa l'haltère et le poussa du mieux possible. Ses muscles inexistants, peinaient à soulever la tige avec les poids à chaque extrémité. Il poussait, encore (pas d'accouchement, je préfère préciser), encore, sans réussir à décoller la barre comme il souhaitait. Il y mettait toute sa force possible, son visage se crispé comme s'il essayait de pousser une montagne. Mais rien n'y faisait, l'haltère se soulevait que de quelques centimètres. Impossible de faire davantage.

« Kzblszbz. » murmura t-il. C'était clairement de l'incompréhension, que des consonnes qui sortaient de sa bouche, pour essayer de puiser dans ses ressources.

Aucun résultat. Zoro lâcha la barre de musculation qui atterrit dans le socle au-dessus de sa tête. Il était essoufflé, comme s'il venait de courir un marathon. Il laissa sa tête retomber lourdement en arrière, tout en s'octroyant quelques instants pour reprendre son souffle. La honte. Encore une fois.

« Je ne comprends pas ce qui m'arrive. » finit-il par dire, conscient que Luisa était certainement la meilleure personne avec qui il pouvait se confier. Il observait le plafond du garage, comme si une nuit étoilée se présentait sous les yeux exténués. « Là d'où je viens, j'étais un des plus grands sabreurs. Je maniais mes trois sabres avec une grande dextérité et une parfaite précision. J'étais le meilleur aux arts martiaux, j'avais même battu mon Maître du dojo à plusieurs reprises. J'avais une force qui me permettait de soulever ce que je désirais, sans compter mon endurance... Et j'ai tout perdu en arrivant ici. » Zoro marqua un petit temps d'arrêt, avant de reprendre. « Ça fait presque deux ans que je suis ici, à attendre un miracle pour que je retrouve mes aptitudes. » avoua t-il, le cœur lourd.

Zoro se redressa pour s'asseoir, et observa intensément Luisa.

« Je ne sais pas ce qui se passe ici, mais je vois des gens qui retrouvent leur mémoire, ou bien leurs compétences sans réelle explication. Si je trouve le salopard qui est derrière tout ça, crois moi il va souffrir. » lâcha t-il. « Tu ne sais pas à quel point je t'envie pour ta force. Si j'avais la mienne, je n'aurais pas hésité à me mesurer à toi. » finit-il par dire, pour terminer sur une note un peu plus joyeuse.

Ressasser le passé et les souvenirs, n'apportait souvent rien de bon. Zoro était constamment plongé dans cette spirale, car ses compétences faisaient entièrement partie de lui. Ses techniques de combat, son endurance à recevoir les coups & blessures, sa force aussi bien mentale que physique, et même ses trois sabres… Tout l’attirail faisait de lui Roronoa Zoro. Sans ces choses, il n’était plus rien. Juste un pirate échoué sur une ville qui lui privait de sa vie en fait. Alors, si essayer de retrouver ses aptitudes, ou bien de ressasser le passé n’était pas conseillé… Que pouvait-il bien faire ? On ne pouvait pas l’empêcher d’essayer… Il ne lui restait plus que ça comme espoir.

Une fois de plus, les forces de Zoro se montraient très capricieuses. Soulevant des haltères pour débutants, le pompier peinait à supporter la charge. Il tentait de soulever la barre, forçait comme un bourrin et mettait à rude épreuve ses muscles. Sauf que rien n’y faisait, l’haltère était bien trop lourd pour lui. Énième défaite cuisante, se tapant la honte par la même occasion. Mais le dernier point ne le dérangeait pas, car il savait que Luisa connaissait ses limites. Elle l’avait aidé quelques fois lors des missions en dehors de la caserne, ne pouvant pas s’occuper de tout ce qui demandait un minimum de force. Du coup, on préférait mettre Zoro sur des tâches moins… difficiles. Une vraie déchéance pour le pirate.

N'ayant pas d’autres choix que de remettre l’haltère sur le socle, le pompier se sentait minable. La respiration saccadée par l’effort qu’il venait de faire, il n’arrivait même plus à exprimer sa colère. Il préféra exprimer certains points, clarifier la situation avec Luisa. C’était la meilleure personne à qui se confier, elle qui possédait une force herculéenne. Cette habileté de muscles, dont Zoro aurait apprécié combattre un jour. Si une chose lui redonnait un brin d’espoir, ce fut Luisa qui le lui donna, en promettant de mesure leurs compétences face à l’autre.

« Vraiment ? » murmura t-il d’une voix un peu plus aiguë. « Promis. » finit-il par dire avec un regain d’assurance qui se lisait sur son visage beaucoup moins crispé. « Pas de sabre. » dit-il en levant les mains en guise d’accord. Et ça coulait de source : si Luisa ne possédait aucune arme, Zoro n’allait pas dégainer les siennes, ce ne serait pas du tout loyal.

Le pompier observa sa collègue lui montrer ses deux mains, ne pouvant contenir un rictus en entendant sa question sur les trois sabres. Ce n’était pas une interrogation bête au contraire, c’était parfaitement logique quand on y réfléchissait d’un peu plus près. À son tour, Zoro tendait ses mains vers sa comparse.

« J’ai bien deux mains, en général, je n'utilise que deux sabres. Je sors le troisième lorsque le combat devient intéressant. » commença t-il par expliquer, non sans une pointe d’émotion en repensant à Kuina, son ancienne adversaire. « Dans la bouche. Cette technique s’appelle le Santôryû. » ajouta t-il simplement, au lieu d’argumenter comme toute personne « normale » ferait. Ces informations étaient suffisantes, non ? Toujours aussi loquace ce garçon.

L’espérance de Luisa faisait décrocher un sourire sur le visage moins tendu de Zoro. Il appréciait le soutien et la curiosité de la jeune femme, qui ne semblait porter aucun jugement sur la faiblesse de son collègue. Sa positivité envers les forces de Roronoa lui faisait penser à son Capitaine du Vogue Merry, qui avait tendance à voir le meilleur même dans des situations critiques. Pour quelqu’un comme Zoro, ce n’était pas facile de ne pas perdre espoir quand ce genre de mésaventure arrivait. Il vivait clairement de sa passion et en être dépourvu ici, le déstabilisait pas mal. Surtout qu’aucune amélioration n'était à noter.

« J'ai encore du mal a porter mes sacs de courses. » lança t-il, d’une voix mécontente.

Humiliant. Mais tellement réaliste. Il suffisait que les sacs soient un peu trop chargés pour que le grand Roronoa Zoro ait du mal à les transporter jusque chez lui. Il avait clairement la force d’un enfant. Enfin… Peut-être que ce sujet assez sensible fut mis de côté, pour laisser place à des notes un peu plus joyeuses, plus nostalgiques.

« Je viens d’East Blue. C’est un océan qui abrite plusieurs îles. Là-bas, la vie de pirate est omniprésente. Je fais partie d’un équipage dont les membres sont tous fêlés. Peut-être que je suis le seul qui ait la tête sur les épaules… On passe notre temps à chasser des trésors, à combattre ceux qui nous barrent le chemin. On s’amuse bien. » expliqua t-il, avec une lueur de fierté au fond de son regard.

Ce n’était peut-être pas la vie dont il aurait pensé avoir, et encore moins rêver. Mais en fin de compte, toutes les aventures qu’il vivait avec le Chapeau de Paille, étaient incroyables et très riches. Il aimerait tant retrouver ces activités.

« Et toi Luisa ? Je sais que tu viens de Colombie… » commença t-il par dire, ignorant totalement où se trouvait cette ville… Ce pays… Cette île ?... « … Mais je ne connais que ça. Tu m’as jamais dit d’où venait ta force ? » demanda Zoro, tout en tapotant le banc d’une main, pour qu’elle vienne s’asseoir à côté de lui si l’envie le lui disait.

Un simple mot qui scelle une promesse. Zoro espérait regagner ses forces pour se mesurer à celles de Luisa. Il adorait combattre de forts adversaires, ceux qui montraient un long combat passionnant et houleux… Pour qu’au final, ça améliore les compétences de Zoro et surtout : qu’il soit vainqueur. L’échec ne faisait pas partie de son vocabulaire et si par hasard, il lui arrivait de perdre, son caractère acharné ne lui laissait aucun répit. Il continuait sans cesse de s’entraîner pour de nouveau, affronter et en sortir gagnant. Alors, cette petite promesse entre ces deux amis, redonnait confiance au plus jeune.

Mais pas question d’affronter Luisa avec ses sabres. Déjà, car il fallait qu’il les retrouve, et ça lui faisait souci. Pas grave si les deux principaux étaient perdus, il pouvait toujours en retrouver. Enfin peut-être pas à Staten Island, il y avait-il un marchand de katanas ? Zoro se faisait beaucoup de souci concernant le Wadô Ichimonji, l’épée de feu Kuina. Où se trouvait-elle ? Était-elle ici en quelque part ? Ou bien était-elle restée au bord du Vogue Merry ? Il valait mieux qu’il en soit ainsi, car si JAMAIS, quelqu’un lui avait VOLÉ… !! Zoro ne pouvait pas retenir ses coups (ceci est une grande menace… À condition qu’il ait retrouvé ses forces sinon… *tousse*).

La révélation du troisième sabre eut son petit effet sur Luisa. Il est vrai que Zoro préférait faire une démonstration mais forcé de constater qu’il n’avait absolument rien pour en faire une. Ça avait nettement moins de charisme mais que voulez-vous, Roronoa vivait dans l’impuissance depuis sa venue ici. En guise de réponse à son amie, il se contenta d’arborer un petit sourire de fierté, tout en croisant les bras. Il l’entendait marmonner le nom de sa technique des trois épées, peut-être essayait-elle de le retenir en tête ? Chose qui prouvait qu’elle s’intéressait, enfin, d’après ce qu’il comprenait. Il en valait de même quand il avait beau expliquer que rien ne changer dans sa force, Luisa montrait quelques mimiques de contrariété. Comme si elle était aussi concernée par la situation. Se sentir écouté était un sentiment agréable, lui qui peinait à l’être avec le Chapeau de Paille avec les énergumènes qu’il y avait en guise d’équipage.

« Non, un peu de solitude me fait du bien. » dit-il dans un premier temps. Mais si se retrouver seul était soit disant agréable, ce n’était pas forcément la vérité. Zoro avait cherché ses comparses dès sa venue à Staten, et se retrouver sans eux avait été source d’inquiétude. Et de manque (vous allez devoir le payer cher pour qu’il le dise). Retrouver sa vie d’avant était un souhait qu’il chérissait aussi bien que sa couleur de cheveux. « Je ne m’ennuie pas, il y a beaucoup de choses intéressantes à faire ici, comme… » Et voilà Zoro, il suffit que tu parles trop pour être à court d’arguments ! Surtout que ce n’est même pas la vérité ! « … Faire sa lessive dans une machine… » Tu déconnes là ? Et on s’étonne pourquoi on préfère un Roronoa silencieux ! « … Conduire des auto-voitures… » Mais Zoro tu racontes quoi là, t’as même pas le permis et il vaut mieux pour la survie de la population ! « … Les téléphones portatifs… » Non ça tu oublies, tu ne sais même pas t’en servir. « … Et les siestes. » Okay ça tu connais, ça rentre en compte, non ?

Mais laissons le sujet de Zoro de côté, afin de se consacrer à Luisa, qui mine de rien, n’en disait pas trop sur son passé. Les deux pompiers se voyaient pratiquement tous les jours à la Caserne et pourtant, il y avait des choses dont Zoro ignorait sur elle. Mais ce n’était guère surprenant, puisque cette ville était… Maudite. Des gens oubliaient beaucoup de choses sur leur propre vie, c’était incroyable. Une chose était certaine : Roronoa savait qu’elle venait de Colombie. Ce pays donc ? Au sud ? Intéressant. Mais au sud de quel côté ? Mis à part Red et Grand Line… Il était paumé niveau map.

Luisa venait de prendre place à côté de Zoro, lui donnant une bouteille d’eau au cas où il aurait soif après son effort catastrophique. Mais pendant ce temps, il observait la jeune femme parler, et répondre un peu plus en détails aux questions posées. Il est vrai qu’au tout début de leur rencontre, la pompière qui se tenait à côté de lui s’appelait Marisa, ignorant tout d’une vie passée. Et bien qu’elle semblait avoir retrouvé quelques souvenirs, sa mémoire restait néanmoins bancale. Chose que Zoro essayait de comprendre car lui aussi, avait des soucis de mémoire. Certains souvenirs semblaient… Oubliés ? Des passages de sa vie qui restaient totalement obscurs.

« Il y a une force mystérieuse ici. C’est malsain, ça joue avec nous. » commença t-il par murmurer avec une voix mécontente. « Parfois, j’ai des moments de néant, comme si quelque chose m’empêchait de me lier avec mes souvenirs. Je me disais que j’avais dû recevoir un coup sur la tête avant d’arriver ici. » Il tourna son visage pour observer celui de Luisa. « C’est comme ta force, certains retrouvent leurs compétences d’un coup. Ça t’est arrivé ! Je suis sûr que ta mémoire reviendra, c’est arrivé à d’autres, alors pourquoi pas toi ? » s’enquit-il de répondre. Le bonheur n’arrive pas qu’aux autres après tout. ~

Staten Island abritait beaucoup trop de mystères. Pourquoi infliger ça aux habitants ? Étaient-ils des pantins que quelqu’un s’amusait à voir galérer avec leur nouvelle vie ? Le but de tout ça ? Comment avaient-ils fait pour regrouper autant de monde, venus d’endroits différents ?

« Je pense que tu comprendras qui tu es vraiment lorsque tes souvenirs reviendront. Laisse les jours défiler sans trop chercher des réponses. Tu les as forcément en quelque part, en toi. Et le jour viendra où tout sera lumière. » dit-il… Perplexe de ses propres paroles, lui qui n’était pas du toooout philosophe. C’était à force de côtoyer les gens d’ici !! Il devenait aussi nuche que le cuisinier dès qu’il voyait une femme, argh.

La solitude ne dérangeait vraiment pas Zoro. Enfin, ça c’était avant de connaître l’équipage du Chapeau de Paille. Depuis son adhésion, impossible de se retrouver quelques heures, et impossible d’avoir la paix. Il y avait toujours un pèlerin qui débarquait où Zoro se trouvait, ou bien alors le navire se faisait attaquer. Un vrai chambardement dont Zoro à force… S'était habitué. Ses copains des mers avaient réussi à trouver une place importante (enfin… 1 un peu moins que les autres mais je ne donne aucun prénom /out). Alors oui, l’équipage lui manquait et la solitude ici était assez pesante. Surtout que Roronoa se trouvait dans un lieu totalement inconnu avec des gadgets beaucoup trop développés et futuriste pour ce pauvre pirate qu’il était.

Comment ça il n’avait pas choisi les exemples les plus amusants !? Ce n’était donc pas avec ça, que les gens s’amusaient ici ? Zoro poussa un petit grognement en guise de réponse, perplexe par cette nouvelle vie bien trop poussée pour lui. Comme s’il avait plongé dans un coma durant des millénaires et qu’il se réveillait en plein milieu d’hurluberlues futuristes. Les premiers temps avaient été terriblement angoissants, perdant tous les repères qu’il avait pris soin de les diriger à East Blue. Maintenant ça allait mieux avec le temps, bien qu’il soit encore à la ramasse dans beaucoup de domaines.

Sauf que ce n’était pas celui qui avait le plus perdu ! D’autres habitants de Staten Island connaissaient des souffrances psychologiques, comme Luisa qui semblait être en proie à un grand malaise. Elle tentait de mettre des mots sur les souvenirs qu’elle possédait. Une vie qui finalement n’existait pas. Une vie entière qui n’était qu’une ombre à son tableau familial. Zoro observait chaque trait de sa collègue, voyant très bien que cette situation la minait. Lui qui d’habitude réconfortait les gens à sa manière, essayait de trouver le plus de tact possible…

« Je ne peux pas comprendre ce que tu ressens. Mais si tu t’es rendu compte que ta vie en Marisa n’était qu’un mensonge, c’est pour te permettre d’avancer sur ta vraie vie. » dit-il lentement, afin de bien chercher les mots. « Tu auras toujours la possibilité de parler à tes parents et à ton petit frère, en rêve. » ajouta-il en tapotant son index contre la tempe de Luisa. Bon d’accord, c’est bien rattrapé ça ?

Il est vrai que la voir se donner des claques sur ses joues ne rassurait pas Roronoa qui haussa en même temps les sourcils. C’était peut-être sa façon pour se reprendre en main ? Enfin, il ne disait rien, car lui aussi avait une façon bien à lui de se changer les idées. Et cela allait terriblement bien avec la proposition de Luisa ! De toute façon, le sport n’allait rien changer pour Zoro, qui était coincé avec la force d’un nouveau-né dans cette ville. Alors autant poursuivre les échanges sur autre chose au lieu de couper court à leur petite entrevue hors du travail.

« J’ai faim, pas toi ? » questionna t-il en posant machinalement sa main sur son ventre. MAIS… Ce n’était pas tout ! Oui bon d’accord, ce n’était que le matin mais… « Quoi de mieux que de picoler pour se changer les idées ? Luisa, je sens que tu en as besoin ! » ajouta t-il en se levant, pour faire face à sa collègue. « Ta bouteille d’eau est sympa mais je préférerais quelque chose de plus corsé. Beaucoup plus corsé. »

Cette micro-séance de sport avait duré… Quelques secondes ? Quelques minutes à tout casser. Suivit ensuite des doutes, des inquiétudes et des révélations des deux pompiers. Boire était peut-être la meilleure façon (d’après Zoro) de se changer les idées. Avec une bonne bouffe et une sieste. Enfin ça, c’était quand il parcourait East Blue car ici, comme part hasard, sa capacité à ingurgiter de l’alcool était la même qu’un jeune homme frêle et fragile.

« T’as ce qu’il faut où je dois t’inviter ? » demanda Zoro, bien décidé à initier Luisa dans sa façon de se changer les idées.

La séance de sport était très vite tombée à l’eau, laissant les états d’âme prendre le dessus. Les doutes, les peurs, les angoisses et la tristesse étaient au centre de l’attention, là où les deux pompiers se confiaient un petit peu sur leur moral. Au début très discret débordant sur de l’insociabilité, Zoro avait appris avec le temps, que partager des inquiétudes pouvait parfois soulager la conscience. Peut-être pas de beaucoup suivant les individus, mais c’était toujours bon à prendre, n’est-ce pas ?

L'épéiste (actuellement déchu de ce titre), voyait et sentait la détresse de son amie, lorsqu’elle lui confia ses sentiments vis-à-vis de sa famille qui n’avait jamais existé. Mais que pouvait-il faire, à part d’être physiquement présent pour la rassurer ? Il n’y avait pas de mots capables d’effacer le cauchemar qu’elle devait vivre. Dans ce genre de moment (et c’était bien connu), il n’y avait que le temps qui pouvait apaiser tout ça. Zoro n’avait donc rien à dire, n’ayant jamais été confronté à tout ça. Il jouait la carte de la franchise comme à son habitude, tout en restant disponible si Luisa avait besoin de parler.

Mais il semblerait que ce ne soit pas le cas. De toute façon la séance de sport n’avait pas servi à grand-chose si ce n’est, se confier un peu, mais c’est tout. Alors se changer les idées suite à ce mur, était une excellente idée. En revanche, ça l’était moins lorsque le choix appartenait à Zoro. Si la plupart des gens faisaient du shopping, regardaient la télé sous un plaid, où se faisaient chouchouter, ce n'était vraiment pas la même pour Roronoa. Manger. Boire. Dormir. Trois leitmotive qui mine de rien, arrivaient à le détendre. Pourquoi ne pas essayer avec Luisa ? Ça lui ferait tout autant de bien. Restait plus qu’à la convaincre à la vue de son visage étonné.

« Il n’y a pas d’heure pour picoler. » dit-il dans un premier temps, comme si c’était une évidence. « Pourquoi attendre le soir ? » demanda Zoro dans le second temps. C’était quoi cette manie dans cette ville, de devoir attendre le soir pour s’en coller une ?

La question était de savoir où ils allaient boire un petit coup. Ici ou dans un lieu propice à cette activité ? Eh bien la réponse ne tarda pas à tomber : ils devaient sortir car il n’y avait pas ce qu’il fallait ici. D’un côté ce n’était pas plus mal au moins ils allaient pouvoir gérer leur consommation… Enfin en principe, rien n’était certain avec Zoro qui n’avait pas de limites, si ce n’est sa capacité à boire. Entre vous et moi : elle était complètement nulle ici.

« Ouais. » dit-il en tant que grand bavard, lorsque Luisa lui demanda si elle pouvait se changer.

La météo ne dérangeait pas plus que ça Zoro. C’est sûr que cet hiver il avait fait froid, mais les jours s’adoucissaient lentement. Il ne portait qu’un uniforme de sport avec un petit sweet à capuche et ça lui suffisait pour supporter la température. Mais après tout, tout le monde était différent. Donc il laissa Luisa se changer, pendant ce temps Zoro observait l’aquarium et les poissons qui vivaient dedans… Ne pouvant s’empêcher de s’identifier à eux. Les poissons étaient enfermés dans cette prison de verre, impossible d’aller plus loin et de regagner la mer. Et bien, ici à Staten Island c’était la même chose : ils étaient coincés ici, ne pouvant pas regagner leur terre respective. Avec cette pensée sordide, Zoro sortit un rictus, dépité.

Luisa n’avait pas mis longtemps à revenir, d’ailleurs le sabreur se surpris tout seul en train de lui faire un compliment sur ses cheveux, dans sa tête. Il afficha aussitôt une mine renfrognée et heureusement que sa collègue lui parlait, ce qui lui permit de penser à autre chose.

« Ça va bien se passer. » commença t-il par dire tout en suivant Luisa à l’entrée. « Si tu sens que tu vas être malade, il te suffira d’arrêter. » ajouta Zoro pendant que son amie enfilait sa paire de chaussures. Ouais enfin… sacré conseil hein ! Une fois dehors, Luisa lui confia ses doutes sur l’heure, ce qui fit sourire Zoro. « On s’en fiche des autres. » rétorqua t-il en lançant un regard confiant à la pompière. Pas question de se priver pour le « regard des autres ». S’ils avaient envie de boire à dix heures du matin, pourquoi s’en priver ?

Pour côtoyer quelques bars, Zoro savait qu’il y en avait un pas très loin d’ici. De ce fait, c’était un jeu d’enfant… Il prit son rôle de meneur au sérieux car après tout, c’était lui qui avait proposé de boire, donc autant picoler dans un endroit bien sympathique et pas trop à la vue de regards indiscrets. Il emmena Luisa dans diverses rues, prenant parfois même des ruelles jusqu’à retomber sur la principale avenue. Alors il reprit d’autres chemins, parfois revenant sur ses pas sans même s’en rendre compte. Le visage soucieux par cet incident qu'il n'avait pas prévu.

« Je ne comprends pas, le bar devrait se trouver là. » grommela Zoro en tournant une énième rue, qu’ils avaient déjà franchi quelques minutes plus tôt. Est-ce qu’il était possible de déménager tout un bâtiment dans ce monde ?... Quoi ? Zoro perdu ? Non mais… n’importe quoi voyons. Si... ?