Harry commençait doucement à s'habituer à sa nouvelle vie, il prit de nouvelles habitudes, il prit rapidement ses marques. Grâce à la communauté qui vient en aide pour les nouveaux arrivants, il a pu avoir une aide financière non négligeable pour s'acheter des vêtements, de la nourriture et des produits d'hygiène. Le voilà enfin tout propre ! Cependant, le manque est là, le manque de sa famille, de sa femme, de ses enfants, de ses amis et sa mémoire qui lui fait défaut lui complique un peu la vie. Il lui manquait des pièces de son puzzle, surtout au sujet d'Albus Dumbledore, cet homme auquel avait un énorme respect et qu'il avait considéré comme un père, comme un mentor. Est-ce qu'il le reverra ici ? Comment sera-t-il ? Il y avait aussi le manque d'utiliser sa baguette magique qui avait tout bonnement disparu et sa magie. Quelle tristesse de ne plus savoir utiliser sa magie, même des sorts basiques lui semblait être un parcours du combattant, il se sentait démunie comme si on lui avait enlevé une partie de lui-même.

Au fond, qui a choisir entre sa magie et sa mémoire, il choisirait sans aucune hésitation ses souvenirs. Il trouvera toujours le moyen de récupérer ses compétences plus tard.

Ses retrouvailles inattendues avec Drago lui avait redonné pas mal espoir, il avait appris par son biais que Sirius était ici et qu'il gérait un bar du nom "les Maraudeurs". Il semblerait qu'il était passé plusieurs fois sans vraiment y faire attention, trop absorbé par son chagrin et sa solitude pesante. Il avait d'abord quelques jours avant de se lancer à l'eau, bien sûr, dès qu'il avait l'information, il voulait partir le voir, mais il s'était ravisé. Pourquoi ? Parce qu'il était rongé d'une culpabilité soudaine, parce qu'il avait cru à une fausse vision qui a coûté la vie de son parrain. Il n'y avait pas une seule journée où il regrettait sa bêtise. Harry se revoyait vingt-huit ans en arrière a tout casser dans le bureau de Dumbledore, en colère contre Voldemort, contre Bellatrix, contre le monde entier, mais surtout en colère contre lui-même. Il en avait rêvé le moment où il le revoyait, le prendre dans ses bras et lui dire ô combien il était tellement désolé, maintenant qu'il avait la possibilité de le faire, il n'ose plus. Il n'avait pas pris la possibilité qu'il lui en veuille un petit peu, quelque part au fond de lui, d'avoir privé à Remus du dernier meilleur ami qu'il lui restait.

Après moult tergiversations avec lui-même, il se devait le rencontrer au moins, il sera fixé.

C'était ainsi qu'il se trouva devant le bar des Maraudeurs, dès l'ouverture en fin d'après-midi, il n'était pas très sûr de le trouver, ici, à ce genre d'heure. Il prit une profonde respiration avant de rentrer dans l'établissement. L'endroit était à l'image de Sirius, l'ambiance métal et rock'n roll se faisait ressentir, ce qui lui arracha un petit sourire. Harry s'approcha du comptoir, il chercha du regard un serveur ou mieux, Sirius lui-même. Il le trouva enfin... Il peut le reconnaître entre mille. C'était lui, lui et ses cheveux caractéristiques qui font de lui Sirius. Il a beaucoup rajeuni, en bien meilleur forme.

Sirius...

Les journées se ressemblaient drôlement et il avait la sensation d'étouffer sur cette île, lui qui avait toujours eu pour habitude d'être libre d'aller où il voulait, faire ce qu'il voulait quand il voulait jusqu'à atterrir à Azkaban. Chaque midi, il se levait pour ouvrir le bar, chaque jour les heures variaient mais ça restait faire la même chose. Le bar fonctionnait bien et c'était une belle idée qu'il avait eu là mais faire ça aussi longtemps lui coûtait beaucoup. C'était pourtant le job idéal quand on voulait être libre qu'avoir son propre bar et ses employés, c'était ce qu'il croyait, naïf qu'il était, mais les moldus aimaient tout compliquer. Quand il n'était pas à son bar, il se transformait et se promenait, il était devenu le chien noir que les enfants caressaient, avec qui on jouait ou, de nuit, dont on avait peur car il semblait sortir de vieux mythes d'horreur qu'on se racontait pour se faire peur. Mais c'était toujours la même chose depuis des mois. Et pourtant, c'était le job idéal pour voir toutes les nouvelles têtes, surtout lorsque son bar était connu sur l'île, il espérait chaque jour que quelqu'un passe une tête comme l'avait fait Remus ou le fils-chéri de sa cousine Narcissa. Jamais deux sans trois, à ce qu'on dit ?

Travailler changeait les idées et faisait passer le temps, surtout alors qu'il était privé de sa magie bien aimée depuis qu'il était ici, sa baguette était tout aussi utile qu'une vulgaire brindille. Il jouait toujours de son charme mais c'était plus de la performance que quelque chose de profondément sincère, c'était ce masque qu'il avait repris et qu'il abandonnait chaque fois qu'il fermait boutique ; peut-être qu'à force de faire semblant, ça viendrait naturellement.

Il s'occupait de nettoyer quelque verres pour servir des bières quand il entendait une voix masculine. Il allait répondre "une minute" par habitude, mais en levant la tête, il en faisait tomber le verre qu'il tenait, celui-ci rebondissait sur l'évier pour mieux s'éclater au sol.

James ?!

Il avait face à lui un James plus vieux que le tout-jeune adulte qu'il avait connu autrefois, sauf qu'il ne comprenait pas. Il avait été en taule parce que James et Lily avaient été tués, parce qu'il avait pourchassé le tueur et... Il sautait par dessus le bar, un geste dont il avait un poil trop l'habitude, pour mieux approcher l'homme.

Il posait fermement ses mains sur ses épaules, comme pour vérifier qu'il ne parlait pas à un fantôme, avant de le prendre dans ses bras avec une joie qu'il était incapable de contenir, comme monté sur ressort, comme adolescent à nouveau, à le serrer si fort contre lui qu'il lui était permis de le faire.

Qu'est-ce que... T'as pris des rides, vieux frère.

Le vieux-frère était dit avec un très grand amusement, eh, c'était James le plus vieux maintenant, même s'il ne comprenait absolument pas pourquoi. Jusqu'à se reculer pour mieux le regarder. Les yeux verts lui indiquaient qu'il y avait un problème quelque part mais si joyeux qu'il était, il attendait de voir ce que l'homme lui dirait. Si cela se trouvait, c'était une personne qui avait pris du polynectar ou alors une personne qui ressemblait à James sans l'être, il y avait des têtes similaires sur l'île mais... Si heureux qu'il était, à cet instant, il ne pouvait juste pas y croire. C'était James et au pire, il avait mis des lentilles pour changer de couleurs d'yeux, il ne se posait pas deux fois la question. Sirius se sentait dix ans de moins, tout d'un coup. A faire les cons à Pré-au-Lard, à faire les cons dans Poudlard... Ou même dans les rues de Londres.

Son cœur battait tellement fort dans cage thoracique quand il le voyait se retournait et sauter par dessus le bar pour le rejoindre pour s'approcher vers lui. Il luttait intérieurement et fortement de ne pas pleurer, pas toute de suite, pas avant de savoir s'il le reconnait ou pas.

James. Bien sûr, il ne pouvait pas être autrement. Draco lui avait bien dit qu'il avait beaucoup rajeuni, il ne l'a donc pas connu quand il était adolescent et ni de sa mort à la bataille du ministère de la justice. Un autre détail frappant, il n'avait pas encore retrouver son meilleur ami, peut-être son père n'était pas encore arrivé ici ou qu'il était ici mais il ne l'avait pas encore retrouvé. Sirius est trop près, il est bien réel quand l'homme posa les mains sur ses épaules. Harry n'arrivant plus à contenir ses émotions, lâcha quelques larmes en le serrant fort dans ses bras. Qu'est-ce qu'il en avait rêvé de ce moment, il en avait fait tous les scénarios possible mais la surprise et ce moment était largement celui qu'il préférait.

Sirius... Je suis tellement désolé...

Il voulait tellement lui dire des années ces quelques mots en premier avant tout le reste, comme pour soulager de sa culpabilité. Il se recula, Harry détailla le visage de son parrain, il était comme avait dit Draco : il avait bien changé, il n'a plus aucune ride, il était mieux qu'avant... Pas sûr que la dernière information soit correct, son parrain était parfait en toute circonstance dans les yeux de Harry.

Je ne suis pas James, pas vraiment. Je suis son fils, Harry. souffla-t-il dans un murmure. Harry James Potter. et pour être sûr que Sirius comprenne bien, au cas où, il rajouta : Je suis ton filleul.

Il essaya tant bien que mal à essuyer ses larmes avec la manche de sa chemise, les émotions étaient bien trop forte pour les contenir.

Tu es vivant, tu es bien là devant moi, bien réel !

Harry avait bien conscient que Sirius ne le reconnaîtra pas, il était trop jeune, il l'a surement vu bébé ou peut-être pas du tout. En tout cas, Sirius pourra voir la sincérité profonde du brun, celui de retrouvé un être cher trop longtemps disparu.