Ses doigts tapotaient sur un rythme inconnu sur son bureau. Les consultations en chirurgie n'étaient pas les plus courantes, des petits bobos ci et là et le reste du temps, elle s'ennuyait fermement. Il lui arrivait dans ces moments de vide d'accompagner un.e médecin, d'apprendre à ses côtés, mais même là, elle avait la sensation de voir et revoir toujours les même personnes, les même cas, les même maladies hivernales pas si importantes ou changeante. Des rhumes, des grippes, des entorses, rien de bien intéressant. Ce qui l'intéressait, c'était clairement lorsqu'elle pouvait se servir de ses outils et qu'elle pouvait opérer ; elle avait étonnamment très vite compris comment ça fonctionnait et comment agir avec précision, le reste l'intéressant moins, c'était plus dur à faire rentrer.

Aujourd'hui, une urgence. Enfin. Et elle n'avait absolument aucun regret à souhaiter que quelqu'un se fasse suffisamment mal pour qu'elle intervienne, au contraire, elle passait son temps à s'imaginer qui elle pourrait opérer mais surtout de quoi, comment elle s'y prendrait, une fascination, curiosité morbide qu'elle avait pour regarder de plus près.

Couteau dans la main.
Hm ?
 Couteau dans la main, urgence, bloc. Debout.

Saon responsable avait abandonné la courtoisie dès leur première discussion il y a deux ans maintenant. Ca ne servait à rien avec elle, il valait mieux aller droit au but et elle n'en n'était que plus reconnaissante. Elle le suivait, nouant de nouveau ses cheveux dans un chignon haut.

C'est pas joli-joli, à se demander comment il s'est débrouillé. T'opères pas pour l'instant mais tu regardes.

Elle grognait de mécontentement en enfilant son masque, opérer étant ce qu'elle préférait, elle ne voyait pas pourquoi ça lui était soudainement refusé, juste pour un couteau dans la main - c'était enfantin, elle et son ego en étaient convaincus.

Tu te biles trop, je suis sûre que ça irait tout seul.
Entre les nerfs, tendons, les os et vaisseaux, je préfère éviter, je préfère qu'il sache se resservir de sa main rapidement.

La taquinerie ne lui plaisait pas, pas plus que la sensation d'être prise si peu au sérieux. Elle lui aurait bien pris ce couteau pour lui planter dans la main à son tour, tiens, pour lui apprendre les bonnes manières. Et si elle se visualisait si aisément le faire, elle se tenait pourtant sage à côté alors qu'iel prenait les devants pour parler avec le patient. Elle lae voyait prendre le dossier du patient mais ça lui était égal de connaître ses antécédents, son bilan sanguin ou ce qui avait pu l'amener là. Quoi que cette dernière partie l'intriguait, sous un certain angle.

Bonjour, monsieur Gortash. Je vous remercie pour votre patience, j'étais parti chercher ma collègue. Vous désirez une anesthésie locale ou vous préférez vous réveiller quand tout sera terminé ?

Elle levait les yeux au ciel, si ça ne tenait qu'à elle, le travail aurait déjà commencé, que le patient soit ou non réveillé. Ah, finalement, c'était peut-être bien pour ça qu'elle était encore supervisée. Elle observait l'homme, il était jeune, il pouvait encaisser. Plus que l'observer, ses yeux perçant ne le lâchaient pas un instant, espérant qu'il choisirait la meilleure des réponses. Des cris, des cris... ce n'était que là qu'elle clignait des yeux, pour la première fois depuis quelque minutes dans cette salle, espérant faire taire cette petite voix. Ca coûte quoi de lui arracher le couteau directement, hm ? C'était souvent ça, elle essayait de ne pas faire attention, de ne pas écouter ces pulsions, il y avait des jours plus faciles que d'autres, des jours avec plus de curiosité également. Crierait-il fort à ce qu'on l'entende dans tout le bâtiment ou est-ce que sa voix se briserait aussi tôt ?

Elle observait la main. Elle évitait de parler, dans ces moments, mais l'envie était présente. Quel effet ça a fait ? Est-ce que c'était si jouissif que ça en a l'air ? Elle-même avait conscience que se taire valait mieux. Ses yeux retrouvaient alors le regard sombre du patient ; Monsieur Gortash.




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dialogue = chirurgien.ne
dialogue = Poppaea

Bon. Ce coup ci, il y était peut être allé un peu fort, mais en soit ce n’était clairement pas le pire qu’il avait pu faire. Oh non, loin de là, au contraire. Si on commençait à établir une liste de tous ces méfaits, celui-ci serait tout en bas de la liste. En plus il était super important de noter qu’il n’avait fait de mal à personne ! Et ce triste constat le dégouta presque de lui-même alors qu’il observait sa main ensanglantée. Ici tout était différent, ce qu’il venait de faire était terrible, pire encore si on venait à apprendre que c’était volontairement qu’il s’était enfoncé le couteau dans la main. Pourtant dans son esprit, ça semblait le minimum à faire s'il voulait obtenir son attention en allant à l'hopital.

Il avait longtemps pris le temps de réfléchir à comment finir aux urgences. Il ne l'aurait choisi cette voie si chacun de ses passage à l'hôpital avait été plus productif, mais il ne l'avait jamais revu depuis sa sortie alors il était temps de provoquer un peu le destin. Sa première idée fut de pousser quelqu'un sous les roues d'une voiture par accident et puis, rongé par la culpabilité accompagné la victime jusqu'aux urgences pour s'assurer que tout allait bien.

Le problème dans tous ça?

Il aurait gagné un retour dans sa petite chambre d'hôpital, car personne n'aurait cru une seule seconde à son innocence dans l'accident. Ici, même si parfois il avait réussi à s'attirer la sympathie d'une infirmière, tout ceux qui avait lu son dossier n'étaient pas dupe. C'était bien pour cela qu'il était resté aussi longtemps et que lors de ses éclats de colère et d'incompréhension; on lui remettait dans le museau l'affaire des oursons piégés. S'ils étaient trop con pour comprendre que la guerre nécessite des sacrifices, il n'y pouvait pas grand-chose. Même si avec le temps il avait commencé à éprouver une once de remords au fait qu'il n'avait pas hésité.

Se planter un couteau dans la main c'était donc l'option la plus solide pour avoir des réponses et ne pas retourner à la case départ. Il avait besoin de savoir, besoin d'être sûr qu'elle était là et qu'il n'était pas seul dans cet enfer. Alors après avoir coupé quelques légumes dans la cuisine du Ranch, il avait volontairement choppé une butternut, donné quelques coups de couteaux de dedans pour la mise en scène avant de viser sa main. Durge lui avait longuement parlé d'anatomie, avec un peu de chance il allait s'en sortir sans trop de complication s'il avait visé juste.

Quelques cris plus tards, un trajet rapide en voiture, et la bonne dame du Ranch le déposait aux urgences. La pauvre lui faisait presque de la peine, et ne cessait de se confondre en excuses tout en lui reprochant de ne pas avoir demandé de l’aide. Pourquoi se souciait elle a ce point de son bien être? Elle ne le connaissait que depuis quelques semaines et pourtant elle prenait vraiment à coeur le fait qu’il se soit blessé. Ce fut donc riche de ces pensées qu’il fut entraîné dans les couloirs sans trop faire attention à ce qu’il se passait.

La douleur commençait vraiment à être problématique quand enfin, le personnel revint vers lui et que son regard se posa sur ce qu’il était venu chercher ici. Le couteau et sa main qui le lançait redevint secondaire alors qu’il la détailla plus que de raison. Son visage… ses traits étaient identiques et ces yeux… Non, ça ne pouvait être personne d’autre qu’elle. Un minuscule sourire souleva le coin de ses lèvres alors qu'à contre coeur Enver tourna la tête vers la personne qui venait de lui parler.

—  Ce n’est pas comme si j’avais pu aller très loin en soit, ni faire autre chose qu’attendre, souligna t’il cette fois ci avec un franc sourire et un ton détendu comme pour faire un trait d’humour acide. C’est votre collègue qui va s’occuper de moi? Elle a l’air très professionnelle.

Battre des cils comme un petit chiot adorable ne lui demanda aucune énergie, alors que sans faire exprès bien sur, il eut un spasme dans la main lui arrachant un léger grognement de douleur mesuré et jouer à la perfection. Il n’était plus à ça prêt, mais il voulait voir la réaction de la femme qui ressemblait à Durge maintenant que du sang roulait sur sa main.

— Qu’est ce que je peux être maladroit… Une anesthésie locale me va très bien, je préfère rester conscient vous comprenez, on entend tellement de choses sordides au sujet des hôpitaux parfois, ça me rendrait presque anxieux.

Bullshit, mais si ça pouvait jouer la carte de “j’ai besoin d'être en présence rassurante dans cette épreuve traumatique” afin que l’autre foute le camp, il n’avait aucun scrupule à l’utiliser. Doux comme un agneau aux yeux d’un inconnu, Enver regarda de nouveau Durge avec un mince sourire en coin, avide de ces réactions. Pourvu qu’il ne se soit pas trompé et qu’elle ne le déçoive pas.

La vision, l'odeur du sang, cela faisait tourner de l'oeil beaucoup de monde mais c'était l'une des plus belle chose à ses yeux. Ce précieux liquide de vie ne s'écoulait plus autant qu'il avait dû lorsque le couteau avait été planté. L'envie d'y toucher se faisait ressentir, voir la plaie de plus près, en sentir l'odeur ferreuse du sang. Elle n'avait que très peu regardé l'homme, son regard peinant à aller autre part que sur cette blessure et toute la curiosité qu'une telle blessure pouvait amener. Comment se l'était-il planté, en faisait également parti. Avait-il eu mal à presque s'en évanouir ? Avait-il su venir jusqu'ici seul ? Et toute cette curiosité n'avait rien de sain pour la science, c'était purement pour satisfaire ses pulsions sadiques.

S'occuper de lui ? Elle l'aurait aimé. Pour diverses raisons. Parfaire son utilisation des lames que ce soit le scalpel ou même lui recoudre la main, ou que ce soit vérifier l'intérieur de sa main, ce n'était pas juste par sadisme mais par envie de savoir et de savoir faire. Un petit rire narquois sortait des lèvres du docteur, alors que le regard de la jeune femme se tournaient vers lui ; osait-il vraiment lui rire au nez ?

Le docteur Filion'lyr a encore à apprendre. Il est vrai qu'elle pourrait probablement s'en occuper mais cela ne serait pas sans risques.

Au fond d'elle, elle savait qu'elle était compétente, plus que ce qu'il sous-entendait au patient. Si son regard remontait vers celui de l'homme, sentir l'odeur du sang frais couler attirait son regard comme un piranha serait attiré par un festin. Elle écoutait l'homme et elle en avait un sourire amusé sur les lèvres ; s'il espérait vraiment une présence rassurante en elle, le pauvre était très, très mal tombé. Alors, ça l'amusait. Quelque chose lui disait que même s'il était éveillé, si elle le voulait, le résultat aurait été le même, si ce n'est plus satisfaisant encore mais elle chassait vite ces pensées.

Je suis tout à fait apte, docteur.

Sa voix était rauque, son ton insidieux, presque menaçant. Elle détestait être prise de haut. Et si joueur était son accompagnant, il ne l'était peut-être pas autant que ça lorsqu'elle le regardait de cette façon.

Et bien, ma foi, si monsieur Gortash n'a pas peur de perdre l'usage de sa main... Je pourrais toujours vous assister et intervenir en cas de besoin.
Il n'est pas utile de rendre monsieur Gortash plus anxieux qu'il ne semble l'être.

Une taquinerie pour le patient, une pique pour le docteur en espérant que ce début de querelle cesserait aussi sec, bien qu'elle ne se souciait pas des masses de la réputation de l'hôpital ou même de la sienne. Son regard s'était relevé vers le docteur puis vers l'homme brun, le détaillant un peu plus, cette fois. Il était bel homme. Il était rare que quelqu'un trouve grâce à ses yeux, qu'elle éprouve le moindre intérêt ou qu'elle y pense, même, ce n'était pas le genre de pensée qui l'effleurait mais il dégageait quelque chose. Il était bel homme, il dégageait quelque chose.. du charisme ? Elle ne saurait pas dire si c'était son regard sombre ou ce sourire qu'il avait sur les lèvres mais il y avait un petit quelque chose.


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C'était elle. Il ne pouvait avoir aucun doute quant à ce constat qui se déroulait sous ses yeux. C'était une évidence aussi claire et brûlante que la chaleur du soleil un jour d’été. Il reconnaissait son visage, les expressions de ce dernier, éclair malsain et affamé qui brûlait dans ses yeux. Le sadisme presque à l'état pur dans le doux sourire amusé qui se trouvait sur ses lèvres. Il avait mal certes, mais aucune douleur n'était trop forte lorsqu'il avait la satisfaction de la retrouver. Une scène se rejouait dans son esprit, celle de la première fois où il l'avait retrouvé dans la salle de couronnement et que tout s'était éclairé. Il l'avait déjà perdu une première fois, persuadé de sa mort avec l'arrivée de cette chienne enragée qu'était Orin. Puis il l'avait retrouvée, dénuée de tous les souvenirs qu'ils avaient partagés et désormais une étrangère; la blessure avait été certaine en plus d'etre pressé par le temps et dans l'urgence d'un plan en train de prendre l'eau.

Du temps, ils allaient en avoir désormais et Enver n'allait pas laisser passer cette seconde chance. Pour commencer, il allait devoir faire déguerpir le médecin de la pièce qui devait probablement se sentir un peu de trop. Il avait fixé Durge assez longtemps après son sourire pour ne pas y répondre avec un plaisir non dissimulé, comme si au final, un couteau dans la main ce n'était pas si grave que cela. S'arrachant à la contemplation de son assassin préféré, le brun tourna la tête vers le médecin avec un sourire trop doux et un visage feignant une légère angoisse.

-Docteur Filion'lyr est peut être encore en train d'apprendre, mais je suis certain qu'elle fera un travail d'orfèvre pour que je puisse continuer d'utiliser ma main à la perfection.

Cette fois-ci, Enver hocha la tête non sans laisser une grimace déformer son visage.

-En cas de besoin, nul doute qu'elle pourra faire appel à vous, mais je me porte volontaire pour sa première opération sans assistance, je vous signerais bien une décharge mais, il leva sa main avec un petit rire, c'est un peu compliqué.

Aimable et adorable de prime abord, le sous texte était pourtant clair : Dégage de la bouffon. Personne ne poserait ses mains sur lui ici, personne d'autre que celle en qui il avait une confiance aveugle car il l'a connaissait aussi bien qu'elle le connaissait. A la fin, il n'y aurait plus qu'eux, s'il devait mourir c'était de sa main et il le savait depuis le début, personne d'autre n'avait le droit de s'accorder ce privilège, n'était il pas de retour à la vie pour cette raison.

Son regard se posa de nouveau sur l'assassin en tenue de médecin, l'ironie était tout aussi grande que le fait qu'il n'était plus qu'un simple comptable pouvant servir des bières les soirs de concerts. Elle avait donc un nouveau nom désormais, la curiosité était grande au sujet de son prénom…

-Je vous fais entièrement confiance, Docteur Filion'lyr, déclara t'il en faisant rouler chacune des lettres sur sa langue. Ma main m'est très utile pour diverses raisons, comme n'importe qui, alors tâchez de ne pas me l'abimer plus que de raisons.

Petit à petit, un sentiment de malaise s'imposait, mais pas à elle ; au docteur qui l'accompagnait. Ce sentiment d'être soudainement de trop face aux deux qui se fixaient et ce petit quelque chose qu'elle-même arrivait à ressentir, à voir, cet Enver Gortash dégageait quelque chose qui l'attirait. Et la comparaison du piranha lui paraissait toujours plus approprié. Une envie de l'approcher un peu plus, peut-être même trop. Il voulait être éveillé pendant qu'elle l'opérerait, elle espérait qu'il ne s'attendrait pas à ce qu'elle lui fasse la conversation durant ce temps car même si elle le pouvait, elle n'était pas très loquace.

Lorsque son regard n'était plus sur la plaie encore à vif, elle ne pouvait s'empêcher de relever les yeux vers lui, s'attardant sur les traits de son visage, ses yeux et ses lèvres ne semblaient pas en accord ; ses lèvres souriaient mais son regard était presque... lourd. A croire que ses lèvres ne voulaient pas dévoiler la douleur qu'il ressentait et la curiosité l'attirait, que faudrait-il lui faire pour qu'il réagisse vraiment à la douleur ? Allait-il geindre lorsqu'elle lui prendrait le bras, la main ? Allait-elle vraiment appelé un.e anesthésiste pour sa main ou allait-elle ne pas résister à ses pulsions et lui retirer directement ce couteau ? Arriverait-elle à poser le couteau, l'éloigner d'elle ou irait-elle jusqu'à suivre cette pulsion si malsaine qui lui indiquait de lécher le sang encore chaud sur ce couteau, pour voir s'il était tel qu'elle se l'imaginait ? Cette seule pensée de lécher le couteau ensanglanté suffisait à réchauffer son bas-ventre.

Il n'y avait pas que cela. L'odeur de l'homme était... enivrante. Les effluves d'alcool - qu'il servait ou buvait, elle l'ignorait - et de transpirations mêlées au sang ; elle allait sûrement devoir sortir respirer de l'air frais avant de se mettre à l'opération, le temps que l'anesthésiste fasse son travail. Mais il ne sentait pas l'odeur de la peur qu'elle se surprenait à aimer, il puait la confiance en lui à plein nez. Il n'y avait aucune raison que cela puisse la charmer, il était son patient et rien de plus mais elle se laissait à se dire qu'elle aurait aimé tomber sur lui lors de l'accident en question, hors de l'hôpital. Et ses pensées divaguaient encore un peu trop mais elle se reprenait ; le voir, lui, en dehors de l'hôpital ? Juste pour ça ? Hm. Hm... Le "je vous fais entièrement confiance" l'amusait, quelle naïveté. Un début de rictus se formait sur ses lèvres fines.

Et nul doute que cette main pourrait être encore très, très utile.

Un sourire en coin apparaissait sur ses lèvres habituellement peu expressives, tirées vers le bas. Il était rare qu'elle sourit mais elle se demandait si le patient était sincère ou s'il ne jouait pas, dans le doute, elle avait donc sorti ces quelque mots, ses yeux fixant ceux de son pauvre patient. Sur le papier, le docteur à ses côtés ne pouvait rien dire, mais il devait probablement être plus mal à l'aise que jamais face aux deux.

Si vous insistez, nous vous ferons signer une décharge.

Malgré les réticences du début, le docteur avait une certaine confiance malgré les quelque doutes qui l'assaillaient. Mais elle était là depuis longtemps maintenant, elle avait déjà fait ses preuves et il fallait bien qu'il commence à la laisser réellement faire pour autre chose que les petits bobos, le jour où il ne serait pas là, il n'y aurait qu'elle et bon courage si elle n'a jamais eu l'occasion de pratiquer totalement.

Silencieux, mal à l'aise, le docteur partait chercher le papier pour lui faire signer la décharge. Si peu loquace qu'elle était, elle rompait pourtant le silence, lui susurrant alors, pire, ronronnant ;

Comment vous êtes-vous fait cela, hm ?

Ses doigts glacés s'approchaient de la dite-main, interdits de s'approcher plus que de quelque centimètres de ce bras qui devait être douloureux.

Sur une échelle de 0 à 10, votre douleur ?

Elle aurait aimé être apte à prendre des airs de docteur plein de compassion, prête à aider à soulager la douleur, à dégainer des médicaments ou presser les infirmiers ou l'anesthétiste mais elle n'était plus l'actrice qu'elle avait un jour été. Elle se sentait plus proche du requin qui furetait en sentant le sang que du docteur bienveillant, elle se demandait si ce n'était pas pour ça que le docteur ne la laissait pratiquement jamais seule avec les patients. D'habitude, ça ne lui faisait rien, elle zieutait juste mais l'homme semblait être plus réceptif que d'autres, c'était plus fort qu'elle. Mais sa main retombait, son bras retombait le long de son corps, interdit.


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