C'était avec une sacrée gueule de bois que Harry se réveilla ce matin. La chambre de son hôtel était dans un tel état à l'image de son état d'esprit, ce n'était pas son genre de se laisser aller mais c'était si soudain qu'il s'était permis, pour une fois, se laisser dans la déprime. Combien de jour s'est-il écoulé depuis son apparition sur l'île ? Il avait bien trop mal au crâne pour le savoir. Il se leva, il avait besoin prendre un cacheton, un café et s'habiller convenablement ; il se doit trouver un travail pour subvenir à ses besoins et mettre en place des avis de recherche. Il avait ouï dire que certaines personnes ont pu retrouver des personnes de leurs familles et des amis, même décédé, ça lui suffisait d'avoir un peu d'espoir. ... Et si... Et s'il revoyait Sirius, Remus, Fred et même ses parents... que pourrait-il bien leur dire ? Il n'en savait trop rien, il était terrifié et heureux de les revoir.

Il réalisa soudainement d'un détail très important. S'il pouvait revoir ses amis décédés, est-ce-que cela voudrait dire qu'il était ... mort ? Cette brusque réalisation le faisait tituber, il se rassoit sur le lit, la tête entre les mains en se posant mille et une questions, d'un coup. Comment pouvait-il être mort ? La seule chose qui se souvient, c'était une lumière blanche aveuglante et d'avoir été transplaner de force dans cet endroit. Peut-être qu'un ancien fidèle de Voldemort a voulu se débarrasser de lui en lui jetant un avada kedavra au moment où il a ouvert la porte ? ... S'il était réellement mort, est-ce que ce Staten Island est un purgatoire ? Non, il ne pouvait pas être mort, impossible. S'il était réellement mort, pourquoi ressentait-il la faim, la fatigue, les gueules de bois après une cuite de la veille ? Hermione, elle aurait déjà trouvé une partie de la réponse, elle aurait trouvé comment se sortir de là comme les fois... où... quand elle lisait pour chercher des informations sûr... des … Quoi ? Satané gueule de bois !

Harry se releva pour enfiler ses vêtements, les mêmes qu'il portait depuis son arrivée sur Staten Island. Bien qu'il les ait lavés plusieurs fois, il devra se trouver de quoi s'habiller pour des futurs entretiens d'embauche. Il fit un petit sourire à cette idée, lui, dans un entretien d'embauche, il n'en avait jamais passé auparavant, il a toute suite commencé sa carrière d'auror à l'âge de dix-sept ans sans avoir passé ses examens d'Aspic. Il se coiffa vite fait devant la glace avant de sortir de sa chambre et de l'hôtel.

L'air de Mars était assez frigorifiant, il était habitué à la météo pourrie britannique. Il resserra son manteau contre lui, il prit un chemin totalement au hasard, déposant des CV à droite à gauche dans tous les magasins, pharmacie qu'il croise. Il était prêt à accepter un emploi derrière un bureau, lui qui a horreur de la paperasse, c'était un sacrifice de quelques mois, le temps qu'il trouve mieux. Enfin, le temps qu'il trouve un moyen de rentrer chez lui. Après une matinée bien chargé, il s'est pris des refus à la chaîne, son moral restait au bon fixe, sa dernière étape était une clinique vétérinaire. Il a toujours bien aimé les animaux, particulièrement les chiens, il n'avait pas de connaissance en médecine pour animaux (et ni pour humain, enfin moldu.) mais peut-être qu'il recherchait des employés pour des tâches subalternes.

Harry rentra dans la bâtisse, tout lui semblait chaleureux afin que les animaux et leurs propriétaires s'y sentent bien. Il balaya la salle d'attente d'un regard circulaire pour mieux s'imprégner dans l'atmosphère, il s'approcha de l'accueil pour y déposer un CV.

Bonjour... Je suis à la recherche d'emploi. Je n'ai pas de diplôme pour être vétérinaire mais je peux trier les papiers, faire le ménage, ce genre de chose... et puis aussi…

Il s'arrêta de parler, voyant la porte s'ouvrir, il vit cet homme qu'il n'aurait jamais cru possible de croiser en ces lieux. Drago Malefoy. Il écarquilla les yeux, la bouche légèrement ouverte par la surprise. Combien de temps qu'ils ne se sont pas revus ? Quatorze ans ? Depuis la fin de la guerre, depuis qu'il avait mis fin au règne de Tom Jedusor. C'est un rêve ? Un cauchemar ?

Malefoy...

Même dire son nom n'y changea rien, il était bel et bien vivant et ils sont tous les deux coincés ici.

Voilà quelques temps que Drago pouvait se venter de souffler un peu au travail. Pas que sauver des animaux soit une corvée, mais plus ça allait, plus il se permettait de recueillir des animaux errants, en plus de ceux appartenant à des gens, gens qui les emmenaient très souvent pour un simple petit bobo de rien du tout. Heureusement pour lui, il s'était fait à cette nouvelle vie : il avait tout ce dont il avait toujours rêvé ici, il n'avait plus à se cacher derrière sa coquille de mec frustré de la vie et soumis aux règles strictes que son nom de famille lui dictaient. Il était libre de tout, libre de ses parents, de son paternel excessivement abusif, de sa vie d'ancien criminel... De tout, il était libre d'absolument tout, et ce depuis plus d'un an.

Donc, il soufflait un peu au travail, et tout ça, c'était grâce à une jeune femme qui respirait la joie de vivre (non) qu'il avait embauchée pour bosser de nuit à la clinique et surveiller les animaux qui devaient rester sous surveillance dans les locaux. Elle n'était pas encore arrivée, mais elle ne devrait plus tarder, et Drago venait d'en finir avec son dernier rendez-vous de la journée. Il ne lui restait qu'un peu de paperasse journalière à terminer, à remplir l'un des tiroirs de scotch pour éviter la rupture en pleine journée, et il pourrait enfin rentrer chez lui. Après avoir nettoyé et décontaminé la salle de consultation à l'aide de sa super baguette magique, il en sortait, se dirigeant vers l'arrière boutique afin d'aller récupérer du scotch, ainsi qu'un petit nombre de feuilles vierges pour l'imprimante. C'est alors qu'il récupérait tout ça que la petite cloche au dessus de la porte d'entrée s'activa. Il se dépêcha quelque peu afin de prendre tout ce dont il avait besoin, puis il poussa de son épaule la porte battante de la réserve afin de rejoindre l'accueil.

- Excusez-moi, j'avais quelques trucs à...

Carton de scotch et feuilles vierges dans les mains, le blond ravala un soupire alors que son regard se posait sur l'homme qui se tenait de l'autre côté du comptoir. Est-ce qu'il était en train de rêver ? Ou alors il faisait un énième cauchemar ? Des années sans le voir - moins que pour Harry, ceci dit -, et voilà qu'il était sur cette île ? Qu'il se pointait par le plus grand des hasards dans sa clinique ? Y'avait de quoi devenir complètement fou, et sa manière de dire son nom, Malefoy... Ca n'avait donc pas changé ? Il en aurait lâché tout ce qu'il avait dans les mains, parce que le contrôle des émotions, c'était toujours pas une réussite chez lui. Au lieu de ça, il serrait davantage dans ses poings ce qu'il tenait, avant de s'approcher du comptoir pour tout déposer dessus, sans lâcher le jeune homme du regard.

- Je sais que ça a l'air carrément bizarre... Il lui disait, tentant d'avoir l'air le plus normal et détendu possible.

- ...Mais tu pourrais au moins dire bonjour, Potter.

Drago ne comprenait que trop bien ce qu'Harry devait ressentir à cet instant précis, à vrai dire. Il s'efforçait de ne pas être trop dramatique, de ne pas non plus se réjouir de sa présence, parce qu'il n'était pas comme ça, Drago, loin de là. Au lieu de ça, il tentait d'agir le plus naturellement possible, parce qu'avant d'être son ami, Harry avait toujours gardé cette place de rival dans sa vie, et puisqu'il ne connaissait pas encore les conséquences de son arrivée sur Staten Island, il préférait jouer sur la relation qu'ils avaient dans le passé.

- J'ai entendu « cv », tout à l'heure ? il lui demandait, lançant finalement un regard discret vers la feuille que le brun tendait.

- Tu viens d'arriver ? Ou t'es juste pas sorti de chez toi jusqu'à aujourd'hui ? Si c'est ça, t'aurais quand même pu laisser des signes, parce que ça commençait à faire long depuis 2022.

Non, ouais... Il était quand même content de le voir, mine de rien. Il était content de voir une figure familière ici, devant lui. Et c'était pas n'importe qui, c'était Potter, le seul qui pouvait, dans le passé, se vanter de connaitre Drago mieux que quiconque.

Le blond s'était détaché du comptoir pour pouvoir en faire le tour et se diriger vers la porte d'entrée. Il pinça l'un des verrous entre ses doigts pour le tourner afin de bloquer la porte, ce qui empêcherait quiconque d'entrer. Il enfonça finalement ses mains dans les poches de sa blouse blanche avant de s'approcher d'Harry, un petit sourire aux lèvres. Une fois arrivé à sa hauteur, il se montra le plus ouvert possible, lui qui était prêt à l'écouter, si ça pouvait l'aider.

- Bon, on parlera cv plus tard ! T'es là depuis quand ?

Harry ne le quitta pas des yeux comme s'il venait de rencontrer un extraterrestre ou que la tante Pétunia était devenue rousse. Il détailla le blond du regard pour déceler une quelconque surprise afin de se rassurer qu'il était aussi apparu ici, par hasard. Non, il était parfaitement à l'aise avec cette dimension, parfaitement adapté à sa nouvelle vie de moldue et pleins de questions lui viennent en tête sans arriver à formuler une phrase.

Pleins de souvenirs désagréables lui reviennent en tête qui changea comme une sorte de regret, car il n'était pas le seul à souffrir de sa situation. Drago avait dû traverser tellement d'épreuve, il était souvent, au fond, quelqu'un de très solitaire, cachant son mal-être dans les coups foireux à lui pourrir la vie. Si Harry avait eu sa mentalité d'aujourd'hui, il aurait volontiers serré la main de ce garçon et alléger un peu le poids des responsabilités que les adultes lui ont mises sur ses épaules d'enfant. Maintenant, ils ont grandi, ils ont tracé chacun leur route, ils ont mûri et grandit et l'enfant arrogant et capricieux qu'a été Drago a fait place à un homme mature et apaisé. Quelque chose en lui a changé, quelque chose qui le rend encore plus sympathique qui ne se l'ose l'avouer.

Quand celui-ci lui parla de son C.V, Harry avait eu le réflexe de le reprendre, comme un mécanisme d'auto-défense avant de se rendre compte la puérilité de son geste. En tout cas, ce qui n'a pas changé, c'est son don pour le sarcasme, quel que soit l'espace-temps, Malefoy reste Malefoy.

Depuis 2022... ?

Il le suivit du regard quand il ferma la porte à double tour tout en analysant ses paroles. 2022. Ca lui semblait tellement lointain comme date, ses enfants seraient adolescents, et lui aurait eu au moins des cheveux blancs et une barbe. La personne qui l'avait accueilli lui avait annoncé qu'ils étaient en 2024, dans son monde à lui il vient de l'époque 2009. Avec un rapide calcule, Drago aurait quitté leur monde en 2007, de ce qu'il comprenait, c'était encore très flou pour lui la fonction des dates.

Ca fait une semaine que je suis ici, et... dans notre monde, on est en 2009. Si tu es ici depuis longtemps, est-ce que tu as retrouvé Astoria et Scorpius ?

S'il était là depuis deux ans sur cette île, il aurait pu tout à fait retrouver sa femme et son fils. Ca lui donnerait tellement d'espoir s'il lui disait que oui, il les a retrouvés.

Tu aurais aussi retrouvé les autres, n'importe qui de notre monde ?

Il devrait peut-être arrêter de l'envahir de question, il y a celle qui brûle que tout les autres : Ses parents, Sirius, Remus, Fred, Severus et… Albus Dumbledore. Tous ceux qui sont morts pour lui, tous ces gens qui aimeraient les (re)voir pour les remercier, de s'excuser et de les serrer dans ses bras.

A peine ils s'étaient retrouvés que Drago comprenait déjà qu'Harry était tout seul certain d'où il venait de mettre les pieds. L'entendre se questionner à l'entente de l'année 2022 ne l'étonnait pas, mais ça ne lui faisait pas non plus rien d'y penser. Il était vrai qu'il avait fait un sacré bond dans le futur, tout comme lui après tout.

- Ouais, 2022... il soufflait, passant sa main sur son visage.
- A peine sortis de l'enfer qu'on remet le pied dedans, pas vrai Potter ?

Ses mots pouvaient sonner plus que négatifs qu'il n'en avait pas grand chose à faire. Après tout, pourquoi serait-il à plaindre, Drago ? Il n'avait jamais été d'une grande aide pour Harry, au contraire : il avait toujours fait en sortes de lui mettre des bâtons dans les roues quand il en avait l'occasion et en tout état de conscience, à peine ils s'étaient rencontrés, d'ailleurs. Alors bon, il était loin d'être une victime dans l'affaire, même pas à Staten Island, lui qui avait fait table rase de son passé, et qui avait fait en sortes de ne plus être ce connard arrogant, ou pas autant qu'avant, quoi.

Il n'était donc là que depuis quelques jours. Ca expliquait la solitude que Drago ressentait depuis son arrivée ; solitude liée à ce qu'il connaissait avant d'arriver sur l'île. En soi, il avait de la chance, Harry, car lui au moins, il avait une attache, quelqu'un à qui parler de ce qu'il était, de ce dont il se souvenait, ce qui n'avait pas été le cas de Drago, pas avant qu'il ne fasse la rencontre du jeune et beau Sirius Black. Ca aussi c'était quelque chose d'assez déstabilisant : lui qui n'avait jamais eu aucune affinité avec Sirius, voilà que c'était l'une des premières personnes à qui il avait eu affaire en arrivant, et il n'était plus le Sirius qui apparaissait dans les journaux, il était bien plus jeune, bien différent de celui qu'il connaissait, de loin, avant. Finalement, Harry enchainait, et deux prénoms sortaient de sa bouche. Astoria et Scorpius.

- Astoria ? Il commençait, un peu désorienté. Non, je ne l'ai pas vue ici, pourquoi elle ? il lui demandait alors, un air surpris accroché au visage. Et Scorpius ? Qui est-ce ? Je ne me souviens pas avoir eu un Scorpius dans mon entourage. Et si ça avait été un ami, je m'en serais rappelé.

Tout lui échappait, tout. Pourquoi est-ce qu'il lui parlait d'Astoria, de base ? Le passage entre l'Angleterre et Staten Island a du lui secouer le crâne un peu trop fort, mais soit. Drago haussait les épaules, et à sa nouvelle question, il secouait légèrement la tête, un air dubitatif au visage.

- Eh bien... Pas vraiment. Enfin... il hésitait, pour le coup. Il savait que lui parler de Sirius maintenant pourrait être un électrochoc pour lui. Il n'avait pas envie de le ramasser à la petite cuillère, ni de lui donner trop d'espoirs non plus. Il n'était là que depuis quelques jours, à peine le temps de se remettre de cette arrivée tragique dans un monde nouveau et différent de celui qu'ils connaissaient tous les deux sur le bout des doigts. Mais à quoi bon lui cacher une information aussi importante. Après tout, Sirius était quelqu'un de très important aux yeux du brun, et il le savait bien, Drago.

- Sirius Black. il soufflait, de but en blanc. Il tient un bar sur Marsh Avenue. Mais... Il a bien changé, il a plus aucune ride, il est mieux qu'avant ! Sous entendu : il était plus jeune, mais c'était toujours un sac à puces.
- Quand tu te sentiras prêt, je te donnerais l'adresse du bar. J'y vais très souvent, y'a une bonne ambiance !

Finalement, parce que flemme de rester debout quand même, Drago invita Harry à se joindre à lui sur le côté, et il pointait l'un des sièges de la salle d'attende afin qu'il s'y installe.

- Assied toi, tu vas prendre racine sinon. il lui disait, s'asseyant lui même sur l'autre siège, juste à côté.
- Du coup, si t'es arrivé ici alors que t'avais le nez en 2009 chez nous, qu'est-ce que t'es devenu ? Oh, et je t'ai pas proposé, mais tu veux un thé, ou un café ?

L'année 2022. Ça lui semblait tellement lointain. Pour lui, il était bloqué en 2009, toujours bloqué le 09 mars 2009, toujours bloqué au Terrier pour le premier anniversaire de sa fille, de sa dernière enfant. Son ton sarcastique n'a jamais aussi vrai ; lui qui avait tant lutter d'avoir une famille, de vivre enfin en paix, qu'on lui retire cet havre de paix qu'il a longuement bâti. Pourtant, Drago, lui, paraissait d'être sorti des enfers, il paraît un peu plus en paix avec lui-même.

Harry détailla Drago de long en large, ça fait des années qu'il ne l'a pas revu. Après la bataille de Poudlard, il avait tout simplement disparu de la circulation sans donnée de nouvelles. Les dernières nouvelles qu'il avait reçues, c'étaient des rumeurs de mariage entre Drago et Astoria et un an après, la venue au monde de leur fils, Scorpius. Il s'attendait à ce qu'il lui répond qu'il les a bien retrouvés et qu'ils vivent des jours heureux, mais vu la mine étonnée et confuse du blond, il constata que non. Pire. Il ne semblait pas la connaître, et il ressentit un ascenseur émotionnel d'un coup, l'ascenseur en chute libre.

Il aurait perdu la mémoire ou il vient d'un passé encore plus loin que 2009 ? Il savait que certains avaient perdu partiellement ou totalement la mémoire, en ce qui concerne Harry, il se souvient de presque tout malgré des trous par-ci, par là. Il le vit hausser les épaules face à cette information, ce qui étonna un peu Harry, mais ne le relèvera pas. Il le suivit du regard, quand le brun lui demanda s'il avait trouvé quelque de chez eux, de leur monde et oui... enfin pas vraiment, d'après ses dires. Harry leva un sourcil, intrigué, finalement le nom est lâché : Sirius Black.

Son cœur tambourinait dans sa poitrine et le vacarme de ses battements retentissait dans son crâne comme des tambours de guerre. La pensée qui fila soudain dans son esprit le rempli d'une joie immense. Il ne l'écoutait même pas la suite, à vrai dire, un strident bourdonnement avait remplacé la voix de son ancien ennemi. Sirius, son parrain, le seul parent qui lui restait, est en vie. Il vit ici, il respire ici, il mange ici, il marche et court ici, quelque part dans l'île. Le brun senti les larmes lui piquait les yeux, il ne devrait pas flancher avant de le voir en vrai, en chair et en os.

Je suis prêt ! Je veux le voir ! Cria-t-il presque, sous l'effet de l'émotion qui lui prend au trippe.

Il veut le voir, là, tout de suite, maintenant. Il veut sortir d'ici, courir pour le rejoindre. Dès qu'il invita à s'asseoir, il ne se fit par prier, il avait grandement besoin de reprendre ses esprits. Harry s'installa dans un de ces sièges d'attente, tout fébrile. Il savait qu'il devrait être un peu plus patient, il voudrait revoir son parrain dans de bonnes conditions, et qu'il avait tant de choses à raconter sans qu'il soit en train de pleurer.

Pardon... Souffla-t-il. Oui, merci... Du café... s'il te plaît.

Quand il revient avec leur breuvage fumant, il prit la tasse en le remerciant. Il ne le boit pas toute suite, regarde la mare noire du café, l'aide à se concentrer à ce qu'il va dire, plongeant dans ses souvenirs.

Après Poudlard, je n'ai pas souhaité faire ma dernière année à Poudlard, j'ai été directement embauché pour devenir Auror avec Ron et Neville pour attraper des mangemorts en cavale. J'ai épousé Ginny en 2003, on a eu rapidement nos enfants ; James Sirius, Albus Severus et la dernière Lily-Luna, j'étais en train de fêter c'est un an et au moment de sortir du Terrier, je me suis retrouvé ici. Il fit une petite pause. Harry se souvient qu'il a complètement oublié de lui répondre à sa question au sujet d'Astoria et de Scorpius. Excuse-moi, j'étais très impoli de ne pas avoir pu répondre à ta question. Dans notre monde, tu es marié avec Astoria Greengrass, et tu as eu un enfant avec elle, du nom de Scorpius Malefoy. De ce que j'en sais, il a trois ans, comme Albus. Dit-il, obligeant de se justifier, il fait un petit sourire en repensant à Albus. À cette heure-ci, il devrait être en train de dîner. Et toi ? On a plus eu de tes nouvelles depuis l'après Poudlard et ton arrivée ici...  

La réaction du brun ne surprenait pas vraiment Drago. A vrai dire, il ne s’attendait pas à ce qu’il réagisse autrement, il avait de quoi péter un boulon et vouloir tout plaquer pour aller retrouver son parrain. Et puis en réalité, ça rassurait le sorcier, car il y voyait le fait que Harry était certainement pleinement conscient de qui il était, ou au moins en grande partie. Drago avait esquissé un sourire à son enthousiasme, invitant ensuite le brun à s’asseoir dans la salle d’attente.

- Ne t’excuse pas. Il lui répondait. Je vais te filer l’adresse, tu n’auras qu’à y aller quand tu voudras.

Après avoir demandé s’il voulait quelque chose à boire, Drago s’était relevé afin d’aller près de la petite machine à café, derrière le comptoir de l’accueil. Il l’allumait, attrapant un gobelet en carton, puis il ajoutait une dosette à la machine avant de laisser le café couler. Il ne savait pas si Harry prenait du sucre dans son café, alors, juste au cas où, il s’était saisi d’un petit sachet de sucre, avant de se préparer lui-même un thé aux agrumes. Pas très English comme thé, mais il aimait bien l’amertume du pamplemousse et la senteur qui s’en dégageait. Il revenait alors avec leurs boissons respectives, ayant attrapé un post-il et un stylo au passage pour l’adresse du bar. Drago posait alors de nouveau ses fesses sur la chaise, puis il se mit à écouter le récit de son ancien rival, plus ou moins attentif à certaines choses.

S’il y avait bien quelque chose qui était horrible dans ce qu’il disait en premier lieu, c’était qu’il ait été forcé de s’éloigner de ses enfants pour être sur cette île. Drago n’avait pas d’enfants, mais il en voulait, c’était certain, et il ne se serait jamais imaginé devoir vivre avec le poids de l’absence de sa progéniture au nom d’il ne savait quoi. Le seul soutien qu’il pouvait lui accorder était un regard désolé, lui qui n’était pas vraiment du genre à s’apitoyer sur le sort des autres, mais tout de même… Débarquer ici, s’endormir le soir en se disant que ce n’était certainement qu’un mauvais rêve, se réveiller le lendemain et se rendre compte que tout ce qu’il a connu est loin derrière lui, ça devait faire un sacré choc, surtout qu’il avait une famille, une grande famille, maintenant. Drago laissait un soupire lui échapper tandis que ses doigts jouaient avec sa tasse, puis il détournait le regard quelques secondes.

- Je suis désolé que ça se soit passé comme ça pour toi. Il soufflait, mordillant l’intérieur de sa joue.
- Il ne pouvait pas y avoir pire timing…

Et s’en suivait une courte révélation sur une vie que Drago ne connaissait pas. La sienne, à quelques années de différence. Lui ? Marié à Astoria Greengrass ? Cette première information l’aurait fait rire si ce qui suivait ne le prenait pas à la gorge aussitôt que Harry l’en informait. Il aurait un… Fils ? Avec Astoria ? Et il s’appelait Scorpius ? Bwah, mais dans quel monde la société lui aurait permis d’avoir une vie comme celle-là, aussi « normale » ? Il avait bien fini par se ranger après avoir sali bien comme il fallait le nom de sa famille au nom d’un foutu mage sans nez, mais de là à avoir la chance de pouvoir fonder une famille et vivre de manière ordinaire ?

- Je vois… Il reprenait, loin d’avoir envie d’exprimer ce qu’au fond ça lui faisait. En fait, il était un peu pommé, Drago. Après un an et neuf mois passés sur l’île, à avoir suivi de courtes études et avoir ouvert sa clinique vétérinaire, après avoir fait la rencontre d’une femme dont il était éperdument amoureux, il n’imaginait pas devoir deal avec une nouvelle pareille. Il suffisait qu’un jour Astoria se pointe tout comme Harry venait de le faire et qu’elle lui annonce qu’elle aussi venait de l’année 2009 pour que les rêves de normalité de Drago volent en éclat.

Sa vie à Staten Island était bien différente de celle qu’il avait eu dans le passé. Ici, tout était « tout rose », et même si à son arrivée, il a dû s’adapter de manière assez brutale à cet environnement globalement nouveau pour lui, il a très vite compris qu’ici, rien ni personne n’aurait plus aucune emprise sur lui et sur les décisions qu’il prenait. Il vivait enfin comme il avait toujours voulu vivre : loin de ses parents, loin du regard médisant de ceux qui ne voulaient voir en lui que la pire des ordures dans un monde déjà carrément bancale.

Enfin, quand Harry se demande ce qu’il était devenu, Drago émit un léger rire, portant sa tasse à ses lèvres pour boire une gorgée de son thé encore fumant.

- Oh, la vie de fugitif, tout ça… il plaisantait, lançant un petit regard taquin au brun.
- Non, en vrai, quand mon père a fini à Azkaban, j’ai réappris à vivre un peu avec ma mère. Je ne me suis jamais pardonné d’avoir agi aussi égoïstement. Je n’avais aucune nouvelle à donner, à quoi bon ? Le nom des Malefoy n’a jamais été autant roulés dans la boue depuis la fin de la guerre, alors faire le mort était la seule chose que je pouvais me permettre de faire. Ça m’évitait bien des mauvaises surprises.

Enfin, Drago attrapa le post-it qu’il avait glissé dans la poche de sa blouse ainsi que le stylo, puis il déposait sa tasse sur la petite table juste en face d’eux. Il appuyait sur le haut du stylo avec son pouce pour faire sortir la mine, puis il inscrivait l’adresse du bar de Sirius, ainsi que le nom de celui-ci.

- Le bar s’appelle Les Maraudeurs. Il lui disait, terminant alors d’écrire l’adresse avant de lui tendre le post-il et de ranger le stylo dans la petite poche à stylo de sa blouse. Mais je dois te prévenir, la barmaid est un vrai bulldog. ‘Faut pas la regarder trop longtemps dans les yeux, si non elle montre les dents.

Il plaisantait, bien évidement. Le personnel du bar était super cool, c’était d’ailleurs en grande partie pour ça qu’il aimait y aller.